grande, bien bâtie et peuplée d’une dizaine de mille
âmes. On aperçoit, des buttes qui sont à la partie nord,
la ville de Debra Tabor, et le lac Tsana, au milieu duquel
on distingue l’île de Dek.
Je quittai Madéra-Mariam le 8, suivi d’une foule de
lépreux, qui me demandaient l’aumône et des médicaments.
Après avoir franchi quelques colline s, j’arrivai
à la rivière Goumara, qui court nord-ouest; je fis une
halte au bord d’un de ses affluents, dans un pays
appelé Oudo, qui fait partie de la province de Fo-
guera; puis je vins camper au district de Oueréta.
La ville de Oueréta est voisine d’une source thermale
nommée Ambabo, dont l’eau a une saveur piquante,
qu’elle perd en se refroidissant.
Au sortir de Oueréta, je continuai à marcher dans
un pays de collines jusqu’à la plaine de Fogjuera, qui
est le territoire des pasteurs ou zellanes. A droite est
la chaîne de Debra Tabor, où l’on remarque, à deux
milles environ, le pic d’Amoraguedel ; en face est
la ville de Dérita, sur le versant septentrional de la
chaîne qui borde la plaine. Plus à l’ouest, on voit la
ville d’Ifague, ou Bata.
La chaîne d’où je venais de descendre se prolonge à
l’ouest jusqu’au lac ; un petit nombre de villages se
montrent dans le haut de la plaine, et c’est là seulement
qu’elle est cultivée; vers le b a s, elle est entièrement
livrée aux pâturages. La rivière Reb, jaillissant de Debra
Tabor, l’arrose dans toute sa longueur, et va se
jeter dans le lac.
11 nous fallut encore sept heures pour arriver à Ifag
u e , qui est bâtie tout près du la c , sur des collines.
Cette ville a un marché qui est peut-être le plus
considérable de l’Abyssinie; on y trouve des bestiaux,
des mules, des chevaux, des cuirs, du coton, du
vin, etc.
En quittant Ifague, nous côtoyâmes le lac et nous
traversâmes bientôt la rivière Arnogarno, qui prend sa
source à Amba Mariam, ville que nous apercevions
à six milles de distance environ. Nous laissions à l’est
celle d’Emfraze, située sur la même chaîne qu’Ifa-
gue. Deux heures après, nous arrivâmes à Feurka-
beur, poste de douane, dans le défilé d’une petite
chaîne qui s’avance jusqu’au lac. Passé çe défilé, nous
vînmes dans la province de Dembéa, dont le sol est
noir et fendillé ; on y voit quelquefois huit paires de
boeufs attelés à la même charrue. Nous couchâmes à
Zengadje, sur le bord du Dembéa-Goumara, d’où l’on
distingue le promontoire de Gorgora et la chaîne de
l’Agâo-Medeur. Le lendemain, 11 juin, nous entrâmes
dans Gondar, où nous fûmes reçus par l’alaka Habeta
Sallassé, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, le même
qui avait dirigé l’ambassade envoyée à la quête d’un
aboune.