terres élevées on ne trouve qu’une herbe courte et rare,
et les moutons l’avaient déjà tondue.
Nous ne dûmes, à ce qu’il paraît, cette mauvaise
réception qu’à l’absence du choum, qui arriva le matin,
au moment où nous nous apprêtions à partir. Il
fut aussitôt saisi de la crainte que nos rapports ne lui
fissent un mauvais parti auprès du roi, et il s’empressa
de venir nous trouver avec du pain et des pots de lait,
ainsi que de l’orge pour nos mules. Nous refusâmes le
tout, en l’assurant que c’était sans rancune contre lui,
puisqu’il n’avait trempé en rien dans l’impolitesse
dont nous avions souffert. Deux heures après, nous
nous étions arrêtés pour faire reposer nos mules , lorsque
nous le vîmes revenir avec plusieurs habitants de
Guendeu Berete, les uns portant des corbeilles pleines,
les autres conduisant des vaches et des moutons. Quand
ces gens nous abordèrent, ils se prosternèrent en se
mettant une pierre sur la tête et nous prièrent d’accepter
le pain qu’ils apportaient, sans quoi le choum conduirait
leurs bestiaux au r o i, qui les confisquerait
certainement pour les punir de leur manque d’hospitalité.
Pour convaincre ces pauvres gens de notre
pardon, nous les renvoyâmes avec quelques présents,
qui les mirent au comble de la joie.
Mais au moment où nous nous disposions à nous remettre
en route, nous vîmes s’avancer au galop quelques
cavaliers. Lorsqu’ils furent plus près ¡de n ou s,
nous pûmes voir que l’un d’eux avait en croupe une
jeune femme, dont les lamentations nous firent présumer
qu’elle était victime d’un rapt. Et comme nous
nous étonnions qu’un pareil crime se commît aussi librement
dans les États dé Sahelé Sallassé, dont la réputation
de justice et de sévérité était grande, nos
guides nous répondirent que la femme pleurait par
décorum, mais qu’il était certain qu’elle avait été enlevée
de bonne volonté. Ils ajoutèrent que toutes les
fois qu’un homme plaisait à une jeune fille , et que la
famille ne voulait point consentir au mariage , les jeunes
gens se donnaient ,un rendez-vous, où l’amant se
rendait accompagné de quelques amis, et enlevait sa
maîtresse. Si les parents avaient assez tôt l’év e il, ils se
mettaient à la poursuite du ravisseur, et s ’ils parvenaient
à l’atteindre, ils lui faisaient un très-mauvais
parti; mais si celui-ci se dérobait aux recherches l’espace
de quelques jou r s, les parents finissaient par entrer
en accommodement, et se résolvaient sagement à
souscrire à une union qu’il n’était plus de leur pouvoir
d’empêcher.
La route que nous suivîmes pendant cette journée
était presque entièrement plane; mais le terrain s ’a-
baissait continuellement, et les eaux, retenues en quelques
endroits par des bassins peu profonds, et par
quelques vallées dues à de légères ondulations du
so l, finissaient toujours par prendre leur cours vers
l’ouest, et tomber dans de profondes coupures, qui
paraissaient être la fin de la chaîne.
A une heure de l’après-midi nous arrivâmes à Bollo
Ouorké, grand marché où se trouvent les meilleurs
chevaux et les meilleures mules du Choa. Une vaste
prairie lui sert d’emplacement, mais la grande cmani
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