longues escopettes et leur costume bizarre. La partie
de ce costume qui les distingue surtout des Arabes
africains est un bandeau de b o is, sur lequel sont collés
des losanges de nacre, incrustés dans un mastic noir
composé de cir e , d’ocre brune, et de plusieurs plantes
pilés ensemble formant une pâte. Les Arabes tiennent
surtout à cet ornement : ils lui attribuent la vertu de
préserver de la morsure des serpents. Une chemise
b leue, qui pend jusqu’au bas de la jambe, est la principale
pièce de leur vêtement; une large ceinture en
cuir rouge serre cette chemise au corps : ils y placent
un couteau yatagan et des pistolets, et y joignent
une cartouchière dont les tubes sont en fer-blanc,
au lieu d’être en roseau comme ceux des Abyssins.
La dernière pièce de cet habillement est l’abbayé.
Quant à la physionomie des gens qui le portent, elle
est régulière, d’un caractère analogue à celui de la
race berbère; mais, jusqu’à la latitude de Djeddah,
tous ceux que j ’ai vus avaient la peau presque aussi
foncée que celle des Éthiopiens.
Le costume des femmes est à’peu près le même. Leur
chemise bleue ne diffère de celle des hommes que par
un peu plus d’ampleur; comme eu x , elles la serrent
autour du corps par une ceinture en cuir, mais celle-ci
est noire au lieu d’être rouge, et elle est ornée de
dessins faits avec de petits clous en étain rivés sur le
cuir, et disposés avec beaucoup de goût. Elles jettent
par-dessus leur chemise un large voile de même étoffe
(guinée bleue de l’Inde). Ce voile sert quelquefois à
cacher leur visage; mais elles ne paraissent pas y attacher
une grande importance, quoique leurs moeurs
soient plus sévères que celles des Arabes des v ille s ,
qui tiennent beaucoup à cette étiquette. Le même bandeau
que portent les hommes est aussi employé par les
femmes : il leur sert pour retenir leur voile.
Nous restâmes à Confoudah le 23 pour y terminer
quelques affaires et acheter de l’eau un peu saumâtre et
fort chère. Le reste des provisions y est au contraire à
bon prix, à cause des rapports fréquents que cette
ville entretient avec les hautes terres, distantes seulement
de deux jours de marche. Il paraît que le plateau
est très-escarpé et les crêtes élevées autant que
les plus hauts sommets d’Abyssinie. Les Arabes de
Confoudah prétendent qu’on peut aller en toute sûreté-
sur ce plateau, en ayant soin toutefois de voyager avec
des guides, que l’on obtient de divers chefs, moyennant
quelques cadeaux. Sur le premier gradin on trouve
le caféier, le gommier, le séné et le bananier ; et en
céréales, le dokn et le doura. Sur le gradin supérieur,
l’abricotier, le pêcher, le pommier et la vigne, ainsi
que le blé. Le haut du plateau produit l’orge.
Le 24 et le 25 août, nous naviguâmes avec une brise
faible d’O. S. 0 . Le dernier de ces jours, à quatre heures
de l’après-midi, nous jetâmes l’ancre dans la baie de
Lite.
Nous sortîmes du mouillage de Lite avec une faible
brise de S. 0 . A midi, une forte brise de N. 0 . nous
força à rebrousser chemin, après avoir déchiré notre
voile. Plusieurs barques furent obligées comme la nôtre
de reprendre le mouillage.