de Balgada Aréa : nouvelle à laquelle je ne pus ajouter
foi.
Le lendemain, nous traversons la rivière Bouillé,
puis nous gravissons quelques collines qui dépendent
du district d’Addi llake. Peu de temps après, nous descendons
dans une plaine d’une lieue carrée de surlace
environ; elle occupe le centre d’un bassin environné
de hautes chaînes, qui tracent en divers sens
de nombreuses vallées. L’une d’elles conduit à la montagne
Aladjié, dont le pic est un des plus élévés du
Ouodgérate, etsert de forteresse à AbbaHaïlé; une autre,
qui se nomme Atsemorène, aboutit à la plaine Azébo
Galla; une troisième se dirige vers la frontière Taltal;
une dernière enfin mène au Sloa.
Après la plaine, nous entrons dans la vallée d'A-
ladjié. Elle est fort étroite ; la partie plane est cultivée,
et le reste est passablement boisé. Nous venons
demander l’hospitalité dans un village situé sur la rive
gauche du ruisseau qui l’arrose. Ce pays fait partie du
district d’Edda Moheni, qui forme la moitié du Ouodgérate.
Il est très-abondant en hyènes ; quantité de ces
animaux nous tinrent éveillés pendant une partie de la
nuit; l’une d’elles parvint à entrer dans le parc aux bestiaux,
et, avant qu’on ne fût accouru, elle avait mutilé
une vache en lui enlevant ses pis.
Nous continuions à suivre la vallée. Nous commençâmes
bientôt à gravir la montagne d’Adadjié, dont la
pente est très-escarpée ; deux heures ne furent pas de
trop pour atteindre le sommet du col, qui est à 2 0 0 mètres
au-dessous de la crête. De là, un magnifique panorama
se développe ; on aperçoit jusqu’àvingt-cinqlieues
le Tembène, l’Agamé et une partie du Tigré. Après nous
être arrêtés quelques minutes à contempler ce tableau,
nous descendîmes dans la plaine d’Atsala, jusqu’au
village de Sessate, où étaient campés mes compagnons
de voyage : cette descente est fort rapide et très-difficile
pour les mules. Tous les villages que nous rencontrions
étaient placés sur des pics escarpés, où tout
autre qu’un Abyssin n’aurait pu monter sans les plus
grandes précautions.