thuffle sur cet intrépide bandit. La province de Koua-
haïné s’étant révoltée à l’occasion de l’impôt, Nebrid
Ouelda Sallassé y avait été envoyé avec un corps de quatre
mille hommes. Lés habitants laissèrent les soldats
de l’Enderta, c’est-à-dire d’un pays de hautes terres,
s’avancer dans leurs vallées extrêmement boisées et en
même temps très-chaudes; p uis, lorsqu’ils les virent
fatigués d’une longue marche, accablés de chaleur, ils
firent mine de lâcher pied, pour les exciter au pillage
et piTjfiter aussitôt du désordre qui se mettrait parmi
eux. La chose ai’rivant comme ils l’avaient prévue, ils
revinrent inopinément à la charge, et commencèrent
un massacre que parvint seule à arrêter la bonne contenance
de quelques soldats de Guébra Rafaël. Ceux-ci
rappelaient au combat les gens de l’Enderta, et leur
disaient que leur chef ne les avait pas habitués à tourner
le dos à l’ennemi ; mais les autres, effrayés, ne songèrent
qu’à la fuite, et se couvrirent d’une honte qui
rejaillit jusqu’au Nebrid, tandis que la valeur de ses
soldats honora encore la mémoire du général si lâchement
assassiné.
CHAPITRE VINGT-QUATRIÈME.
SOMMAIRE.
Mauvaise administration de Balgada Aréa. — Actes iniques. — Tentatives
infructueuses auprès d’Ato Rema. — Je reçois une lettre de
mes compagnons. — Je pars avec l ’armée pour aller les rejoindre. —
Belata Gabrioud. — Arrivée à Tchéleukot. — Ato N a g a r o .— L’ar
ménien Nazaret. — Oubié passe le Taccazé. — M. Petit vient à
Tchéleukot et repart pour le Ouodgérate. — L’alaka Ouelda Kidane
me prie de l’emmener au Choa. — Départ de Tchéleukot. — Route
jusqu’à Sessate.
Oubié avait dit en partant : « Si je meurs, c’est
Balgada Aréa qui s’emparera du commandement; mais
si j’échappe, les Tigréens sont tellement désunis, que,
pour revenir dans leur pays, je n’aurai pas besoin de
monter à cheval; un baudet me suffira. «
Aréa, par son administration, et les chefs de l’armée,
par leur conduite, semblèrent prendre à tâche de
justifier les paroles d’Oubié. Les uns et les autres ne
péchaient pourtant pas par l’intention; en pillant les
campagnes, en commettant toutes sortes d’exactions,