i l l 870 OPHIDIENS OPISTHOGLYPHES. ANISODONTIENS EN GENERAL. 871
I I I . « FAMILLE. — LES ANISODONTIENS (1).
CABACTÈKES. Serpents à dents postérieures cannelées, à museau
court, dont les crochets lisses de l'une et l'autre mâchoire
sont inégalement distribués et irrégulièrement proportionnés,
souvent de longueurs diverses, avec des espaces libres ou vides,
surtout à la mâchoire supérieure.
Comme on le voit, le caractère de ces Serpents est emprunté
d'abord à la disproportion et à l'implantation des crochets
lisses, abstraction faite des dents postérieures , plus longues
et cannelées, comme chez-tous ceux que nous désignons sous le
nom d'Opisthoglyphes.La distinction principale du groupe qui
les réunit a été établie sur une particularité très-notable, qui
certainement doit avoir quelque influence sur le genre de nourriture
que ces Serpents recherchent de préférence, et par conséquent
sur leurs moeurs.
Ces proportions insolites dans la longueur des crochets, cette
irrégularité même, varient dans les différents genres ainsi
rapprochés, ce qui nous a autorisé d'abord à les réunir en une
famille distincte, puis à les distribuer en espèces dans des
genres et sous des dénominations propres à les faire reconnaître
entre eux avec la plus grande facilité.
Plusieurs auteurs avaient signalé cette inégale longueur
des crochets; ils avaient même établi quelques genres d'après
cette particularité. M. J. Müller, comme nous l'avons dit à la
page 548 du tome YI de cet Ouvrage, avait même formé une
famille de ces Serpents sous le nom d'IIÉTÉRonoNTES ; mais il
y plaçait quelques espèces de notre sous-ordre des Aglypho-
(1) De'AwT-aî, irrégulier, anormal, tnoe^waiw» et de
dent.
dontes, dont tous les crochets sont sans cannelures, tels que
les Tropidonotes, les Çoronelles, lesDendrophides ,qui setrouvaientainsi
confondusaveclesPsammophis et les Lycognathes.
Au reste, la distribution, la forme, la courbure, la direction
et la longueur proportionnelles de ces crochets varient dans
les différents genres. Ces modifications nous ont même dirigé
de manière à rendre faciles les moyens de distinguer entre
elles les espèces rapportées à ce groupe des Anisodontiens.
Mais avant de nous livrer à cet examen , nous croyons devoir
faire connaître l'importance qui peut être attribuée à cette
étude.
Quand on cherche, en effet, à se rendre compte ou à .expliquer
la cause présumable de cette organisation si bizarre des
crochets, on peut supposer qu'un double but a été atteint par
la nature en armant ainsi les mâchoires. Ces dents isolées, plus
longues et plus fortes que les autres, ont dû faciliter et
alfermir la saisie de la proie, à l'instant où elle est happée subitement.
D'autre part, la victime, retenue plus solidement
entre les mâchoires, doit y rester accrochée pendant tout l'espace
de temps nécessaire pour que l'action de la piqûre produite
par les dents cannelées puisse suffisamment s'exercer.
Ces crochets en gouttière inoculent dans les chairs de l'être
vivant la petite quantité d'humeur vénéneuse destinée à l'empoisonner.
Ce venin , du moins, anéantit l'irritabilité musculaire,
et affaiblit ainsi les efforts que l'animal doit naturellement
opposer à sa destruction ; de plus, et fort heureusement,
il fait cesser rapidement la perception ou l'impression
douloureuse de la perte de la vie, en détruisant subitement ou
en suspendant la sensibilité, cet attribut toujours constant de
la vie de l'animal qui le met en relation avec les choses extérieures.
Voici maintenant comment, les genres étant établis pour la
facilité de l'étude, nous avons cherché à les faire distinguer
les uns des autres.
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