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1462 OPJÏIDIENS SOLÉNOGLYPHESi
» l'animal se croyant, ainsi que sa progéniture, à l'abri de
» tout danger, ouvrit de nouveau sa bouche et en laissa sor-
)) tir les petits qui s'y étaient cachés. Je me montrai de nou-
» veau : les petits rentrèrent dans leur retraite , et la mère,
» emportant son précieux trésor, s'échappa à la faveur des
» herbes dans lesquelles elle se cacha. »
On dit que tous les animaux craignent excessivement le
Serpent à Sonnettes, qu'ils éprouvent une sorte de terreur
dès qu'ils en sentent l'odeur, ou quand ils entendent le bruit
de ses grelots; que les chiens et même les chevaux s'arrêtent
à quelque distance et refusent de s'approcher du lieu où l'animal
se retire ; que les cochons seuls ne les craignent pas, et que,
lorsque ces animaux peuvent s'en rendre maîtres, ils les saisissent
en brisant leur échine, et qu'ils s'en nourrisent.
Bosc, qui a eu souvent occasion de leur faire la chasse dans
l'Amérique septentrionale, 'dit qu'il a pris en vie tous ceux
qu'il a rencontrés, et que lorsqu'ils sont saisis par la tête, ils
ne peuvent, comme la plupart des autres Ophidiens et surtout
les Pythons, relever leur tronc et s'entortiller autour
du bras de la personne qui les a saisis, ni faire usage de la vigueur
de leurs muscles pour se dégager.
Dans les régions où le froid est un peu vif, les Crotales se
retirent dans les endroits couverts par la mousse, dans les
lieux voisins des sources, sous des amas de feuilles sèches.
Ils s'y engourdissent, et on en trouve ainsi plusieurs réunis
avec des crapauds et d'autres Batraciens, quand on soulève
des masses de Sphagnums dans les terrains marécageux.
A Cayenne et dans les parties méridionales de l'Amérique,
ces Reptiles ne s'engourdissent pas et restent, dit-on, en activité
pendant toute l'année.
On a décrit, comme autant d'espèces de Serpents à Sonnettes,
un assez grand nombre de Variétés qui ne diffèrent
souvent entre elles que par la distribution des couleurs ou
par la teinte générale des téguments, de sorte qu'il serait
CaûTALlEiiS. C. CilôIALE. 1463
réellement difficile de déterminer certaios exemplaires et de
leur assigner un nom spécifique, si l'on s'en tenait seulement
à cet aspect extérieur, tant il y a de modifications dans les
taches ou dans les autres marques qui varient par leur position
en largeur ou en longueur. C'est, au reste, une circonstance
qui s'est déjà présentée dans l'examen que nous avons
fait des Variétés nombreuses que nous ont ofiertes plusieurs
des genres du sous-ordre des Solénoglyphes. La Péliade herus,
la Yipère commune, VEdiidme heurtante, en sont des exemples.
Il en sera de même pour les espèces que nous allons décrire
et que Wagler a distribuées dans les trois genres qu'il
nomme Caiidisona, Uropsophm et Crotalus.
Sous les noms de durissus et de horridus, on a fait connaître
un grand nombre de Variétés avec des appellations
diverses. Ce sont de grandes espèces dont la seconde se
trouve dans)les parties les plus chaudes des deux Amériques,
Mexique et surtout Chili, Paragay, Nouvelle-Grenade. La
première ne se rencontre que dans l'Amérique septentrionale.
Une des causes qui ont donné lieu au véritable embarras
qui existe encore pour la détermination des espèces de ce
genre , ce sont les indications ou les citations faites par Linné
et par Laurenti des figures de Séba qui sont fautives, incomplètes
et insuffisantes. C'est ainsi que Latreille, et par
suite Daudin , ont supposé l'existence d'espèces qui ne sont
aujourd'hui que nominales, ou tout à fait imaginaires, telles
sont celles introduites dans le genre Crotalus sous les noms de
orientalis, immaculatus, crepitam.
C'est à l'espèce désignée sous le nom de Crofahs horridus
ou de Cascavella et de Boiquira, qu'il faudra rapporter les
Variétés observées ou recueillies dans les contrées les plus
chaudes et le plus souvent au contraire à l'espèce désignée
sous le nom de durissus, qu'appartiendront certaines Variétés
de l'Amérique septentrionale. Nous aurons, au reste,
occasion de faire connaître ces détails, lorsque nous étudierons