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nom d'Uropsophus triseriatus, et dont le principal caractère distinctlf
serait tiré d'une carène qui partagerait en deux parties la grande plaque
surcitiaire.
Telles sont les principales Variétés décrites comme des espèces distinctes
du Crotale durisse, auquel nous ne pouvons réellement assigner
qu'une note caractéristique, qui consiste, comme nous l'avons dit, dans le
petit nombre ou les deux seules rangées des lames lisses qui recouvrent
la partie antérieure du museau; tandis que dans les individus rapportés à
l'espèce dite horridus, ces mêmes lames sont plus grandes, plus développées
et distribuées sur trois rangs.D'ailleurs, les moeurs paraissent être
les mêmes, quoique ces deux Serpents aient une patrie différente.
Ainsi, sous le nom de Crotalus Durissus, nous comprenons les Variétés
:
1." C. Atricaudatus ou à queue noire de Latreille et de Daudin, d'après
Bosc.
2." C. Triseriatus de Wagler, sous le nom de genre Uropsophus.
3.° C. Horridus de Shaw, de Guérin.
i . " ? C. Lucifer. Baird and Girard. 1852. Proc. Acad. nat. Soc. philad.
t. VI, p. 17T.
5." ? C. Molossus. Baird and Girard. Catal., p. 19, n.°6; et dans leur
Catalogue, en 1853, p. 6, n." 4.
La longueur de ce Crotale atteint rarement un mètre ; mais il est ordinairement
d'un demi-mètre et au-delà. Les gastrostèges varient en nombre,
depuis IGO jusqu'à 180 dans les grands individus. La plupart des observateurs
ont retrouvé le nombre de 26 urostèges; cependant celui des
grelots est rarement de iO, comme Séba les a indiqués chez les individus
dont le dessin a été gravé dans son grand ouvrage. Il est réduit quelquefois
au nombre de trois ou de quatre, mais le plus ordinairement on en
trouve huit à douze dans les exemplaires qui existent au Muséum de
Paris.
M. Ilolbrook donne sur les moeurs de ce Serpent quelques détails intéressants.
Il se nourrit, dit-il, de lapins, d'écureuils, de rats ou d'autres petits
mammifères. C'est un animal remarquablement lent et paresseux qui
attend tranquillement sa proie, et qui n'attaque pas quand il n'est pas
pressé par la faim, à moins qu'il ne soit inquiété par les animaux qui
passent près de lui; il est vrai qu'il s'irrite facilement, môme du bruit des
feuilles sèches dans son voisinage. Il rapproche alors ses replis, se love,
comme on dit en termes de marine, agite violemment ses grelots en signe
CaOTALIEiNS. G. CROTALE. 1469
de colère et se précipite sur l'objet le plus voisin de lui. Dans les bois où
il vit, on ne peut pas passer à une petite distance du lieu où il est sans
qu'il attaque; néanmoins il craint d'être rencontré et il se tient d'ordinaire
tranquille dans une retraite un peu cachée. Différent sous ce rapport de
certains Serpents non venimeux, il ne paraît pas qu'il blesse plutôt dans
certaines saisons que dans d'autres. Il ne poursuit jamais sa proie; après
s'être élancé, il se replie sur lui-même, se préparant à renouveler son
agression; ou bien il se relire lentement, comme un ennemi non vaincu
stlr de sa puissance et qui, plus tard, attaquera de nouveau.
Il est digne de remarque que jamais il ne se jette sur sa victime si d'avance
il n'est lové, c'est-à-dire enroulé sur lui-même; aussi quand il a
quitté celte position, peut-il être approché sans le moindre danger.
Aux observations qui précèdent et qui se rapportent particulièrement
au Crotale durisse, on peut joindre comme élude intéressante de moeurs
les longs détails donnés par Spix et Wagler, dans l'histoire des Serpents
du Brésil et qui ont trait aux Crotales en général. Il y a aussi dans ce passage
(p. 61 à G8) des observations assez curieuses sur les effets du venin de
ces Serpents et sur les moyens bizarres employés pour les combattre par
les naturels du pays.
Dans l'article plein d'intérêt consacré par M. Holbrook à l'histoire da
Crotale durisse, on trouve des observations de différents naturalistes et de
l'auteur lui-même, tendant à démontrer ce qu'il y a de fabuleux dans les
récits faits sur le pouvoir de fascination dont on suppose que les Serpents
à sonnettes sont doués.
Si la mort presque inévitable des animaux vus par le Crotale, dit en terminant
M. Holbrook, pouvait faire croire à une puissance surnaturelle,
il faudrait attribuer cette issue funeste bien moins à cette cause imaginaire
qu'à l'horreur que ce Serpent ii%ire , ou qu'au sentiment instinctif
du danger qu'un faible animal éprouve en se trouvant tout-à-coup en présence
d'un ennemi dont l'aspect est si effrayant.
Du temps de Catesby, le Serpent à sonnettes, était bien plus abondamment
répandu dans l'Amérique du nord qu'il ne l'est aujourd'hui, et surtout
on ne le voit plus auprès des habitations, si même il n'y a, comme on
peut le supposer, quelque exagération dans les récils de Catesby. Aussi les
chasseurs ne craignent guère de le rencontrer, si ce n'est dans les parties
les moins parcourues, au milieu des bois.
Le Durisse est de tous les Crotales celui dont la zòne d'habitation est la
plus étendue; car on le trouve presque partout dans les Etats-Unis. Kalm
l'a vu au 45." degré de latitude près du lac Champlain , et M. Holbroock
en a reçu des exemplaires des bords du golfe du Mexique et de points
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