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1506 O P H I D I E N S SOLÉNOGLYPHES.
de la grande Vipère fer de lance de la Martinique ou TRiGONocfepuAtn
DES ANTiLtES. Nous en extrairons les faits principaux qui ont été bien observés
; mais en les abrégeant, parce que la plupart peuvent se rapporter
à l'histoire de tous les ophidiens de cette grande triba des Yipériformes.
Nous avons lu aussi la longue enquête de M. le Docteur Rufz dans laquelle
il a recueilli tout ce qu'on sait sur ce Serpent dans le pays, et sur les
moyens mis en usage pour combattre les effets de sa morsure ; à côté de
faits connus, nous en avons trouvé de nouveaux. Ce travail intéressant est
écrit dans un très-bon esprit.
C'est une des plus grandes espèces de ce genre ; car on en a vu qui
avaient atteint jusqu'à deux mètres de longueur, et dont le corps, dans sa
partie moyenne, portait jusqu'à 10 ou 12 centimètres de circonférence.
Nous en conservons un beau sujet qui vit dans la ménagerie des Reptiles.
D'autres individus proviennent de MM. Droz, Plée, Donzelot, Garnot,
Keraudren, Walckenaer et Moreau de Jonnès et sont conservés dans les
galeries de Zoologie.
Quoique ce Serpent soit le plus ordinairement de couleur jaune, cette
teinte varie beaucoup, même dans son intensité , étant parfois légèrement
aurore, soit d'un soufre pâle, ou foncé comme l'orpin. Cependant il est des
individus qui, tel que celui dont nous venons de parler, comme l'ayant
observé vivant, sont d'un ton brun plus ou moins foncé ou presque noir,
avec des taches irrégulières un peu plus claires, quelquefois même comme
tigrées. Les colons de Sainte-Lucie et de la Martinique le désignent sous
le nom de Couleuvre ou Serpent jaune.
Comme la plupart des Vipères, cette espèce est ovovivipare. M. Moreau
assure qu'il a trouvé de cinquante à soixante petits dans les femelles qu'il
a observées. Ce Bothrops est si commun, dans certains champs de cannes à
sucre, qu'on en a trouvé plus d'une fois, à l'époque où l'on eu fait la récolte,
jusqu'à quatre-vingts individus réunis qui étaient probablement le résultat
de la génération d'une ou deux familles. Les petits, en sortant de l'oeuf,
ont jusqu'à vingt à vingt-sept centimètres de longueur.
Ce Bothrops s'était tellement multiplié en 1826 à la Martinique, sons l'administration
de M. Donzelot qu'on crut devoir accorder une prime d'un
demi-franc par tête de ces Serpents et que dans un trimestre, il en fut tant
détruit dans les environs du fort Royal que leur nombre s'éleva à 700.
(Rufz, Enquête, p. 53) ; on trouve là beaucoup de détails sur ce sujet.
Dans un individu, dont la longueur totale était de plus d'un mètre, la
queue n'avait guère que le douzième de cette étendue. Les urostèges disposées
sur un double rang, varient peu en nombre ; on en a compté GO, C i ,
6P, et les gastrostèges étaient tantôt de 220 qus(^u'à 340 et g7i,
C R O T A L I E N S . 6. BOTHROPS. 2. 1S07
Ce Serpent, d'après M. Moreau de Jonnès, se trouve dans toutes les localités,
sur les terrains les plus secs et au milieu des herbes aquatiques.
On en a souvent observé sur les branches les plus élevées des arbres des
forêts. Il peut se dresser sur la partie postérieure du tronc et s'élever
ainsi à hauteur d'homme, en fléchissant et transportant la tête presque
horizontalement. Pour se lancer sur sa proie , il se roule circulairement
sur lui-même. Son tronc formant quatre disques superposés, c'est sous le
dernier cercle que se trouve placée la queue, devenue le point central d'appui
pour permettre le développement subit de tout le tronc, qui semble se
débander avec force. Quand il est ainsi enroulé, les hommes du pays disent,
en employant un terme de marine, que le Serpent se love. L'auteur
que nous citons, a écrit que malgré le mode ordinaire de ramper qui
s'opère par des inflexions latérales et sinueuses, ce Serpent peut encore
former des arcs de bas en haut, par une sorte de translation verticale
comme par bonds partiels.
M. Duvernoy a fait connaître l'organisation de ce Serpent dans les 26 et
30." volume des Annales des sciences natur. pl. 10, fig. 6. et t. XXX,
pl. 14. '
2. BOTHROPS ATROCE. Bothrops Atrox. Wagler.
{Coluber atrox, Linnaeus.)
C a u a c t e r e s . Ligne saillante anguleuse du vertex très-prononcée
et formée de chaque côté par trois plaques ou écailles plus
grandes, allongées et joignant la sus-oculaire ; la surface du
vertex couverte de petites écailles régulières, carénées ; gastrostrostèges
à laches nombreuses.
S y n o n y m i e . 1746. Anguis. Balker. Amsenit. acad. Lin. t. I ,
p. S87, n.o 33.
17S4. Coluber atrox. Linnaeus. Mus. Adolph. Frider. I, p. 33,
tab. 22, fig. 2.
1768. Vipera atrox. Laurenti. Araphib. pag. 103, n." 220.
1778, 1789, 1801, 1803. L'atroce. Daubenton, Lacépède,
Latreille, Daudin.
1788. Coluber atrox. Linné. Gmelin. Syst. naturae, p. 1107,
cite Weigel . pag. 32, n.° 43.
1818. Bothrops tessellatus. Wagler dans l'ouvrage de Spix
sur les Serpenis du Brésil pl. 21, fig. 2.
Bothrops Toeniatus. ibid fig. 3.
Bothrops tcMCurus, jeune âge ibid, pl, 225 fig. 1,