1284 OPHIDIENS PROTEROGLYPHES.
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nu que ces Reptiles les débarrassaient des rats, animaux roii-l
geurs et voraces, dont le nombre immense produisait ailleurs
d'effrayants ravages et même des disettes absolues. C'éi
donc par reconnaissance qu'ils avaient voué à ces Serpei
cette sorte de culte; que leur image était suspendue daoei
les temples ; qu'ils embaumaient leurs dépouilles ; que
elTigie, si facile à reconnaître et à reproduire grossière-l
ment, était gravée ou sculptée sur les pierres de leurs mo-I
numents où elle se retrouve encore fréquemment. C'est ainsil
qu'on s'explique comment des peintures, des dessins très-re-|
connaissables sont souvent reproduits dans les hiéroglypliesj
et même sur les sarcophages des Egyptiens.
Aujourd'hui même, d'après les rapports des voyageurs,!
dans presque toutes les contrées de l'Asie, de la Pesi
et de l'Egypte, une curiosité respectueuse et fanatiqiiij
entraîne les gens du peuple à s'assembler et à former
cercles nombreux autour de certains jongleurs, qui s'annon-j
cent comme doués d'un pouvoir surnaturel, de facultés trans-l
mises héréditairement ou comme possesseurs de certains pro-j
cédés à l'aide desquels ils sont parvenus à apprivoiser et al
faire obéir ces Serpents à leur volonté. Dans l'espoir, etl
même avec la certitude de recevoir des rémunérations dont ilsl
déterminent d'avance la quotité, ils font sortir de leurscagesl
ou des paniers dans lesquels ces Reptiles se trouvent pla-|
cés et suivant un ordre déterminé, un assez grand nombre del
ces Serpents. Ces hommes semblent exercer sur ces animaEj
une sorte d'enchantement, en donnant à leur corps et aiisl
mouvements des membres certaines inflexions, soit au moyeiil
de la voix modulée, ou à l'aide de sifflets ou de petites fintesi
dont ils tirent des sons monotones et traînants auxquels pa-|
raissent obéir ces animaux en se dressant et baissant ou en|
relevant le cou en cadence (1). D'autres, au moment où ilsl
(1) C'est cette sorte dedanse onde trépignement que Kaempfer a décrite
sous le nom de Tripudia Serpentûm. Àmoenitatûm exoticarûm, fase, II! ]
CONOCERQUES. G. NAJA. 12 8 3
[sont le plus animés, entrent à l'aide de certains attouchements,
dans un état de léthargie ou de mort apparente. A cer-
Itains ordres, ils se raidissent alors et deviennent inflexibles
¡comme des baguettes, ou bien à quelques signes, ils reprennent
leur flexibilité et s'enroulent sur un bâton, comme une
Urde sur sa poulie. Nous avons déjà indiqué quelques-unes
de ces particularités (1).
Kaempfer, Forskael, Olivier et Geoffroy S.'-ïïilaire, ont
^onné sur ce sujet des détails fort intéressants dont nous venons
d'indiquer les principaux. Ils nous ont appris de plus
que, pour fixer encore davantage l'attention, ces jongleurs
|)résentent parfois au public réiini dans les places ou sur les
narchés, des Yipères et sous l'apparence de Vipères cornues
lou Cérastes, de gros Eryx, sur la tête desquels on avait imblanté
des ongles d'oiseaux qui ont continué d'y croître,
p s t le résultat d'une greffe animale, analogue à celle qui se
pratique dans certaines fermes, quand on vient à priver de
leunescoqs des organes générateurs internes, et qu'à la suite
Ide cette opération, on enlève à ces gallinacés l'éperon qui
Bevait armer leurs jambes, pour le fixer et le faire pénétrer
Bans la chair vive à la place qu'occupait la crête. On sait,
¡eneffet, qu'à la suite de cette implantation, celte matière
ornée continue de croître et de se développer. (2).
Quant à l'apprivoisement ou à l'éducation des Najas,
bn prétend que les Psylles commencent par leur arracher
bu par leur briser les dents venimeuses, ce qui n'est pas
piiïicile, puisque elles n'occupent qu'une place déterminée
p avant de la mâchoire supérieure. Ce premier procédé les
préserve de toute morsure ou piqlire dangereuse et alors, en
perçant sur la nuque ou sur la queue un certain degré de
(1) Tom. VI de cette Erpétologie, p. IIG, et surtout p. 48 et M.
(2) Voir dans le torn. VI de cette Erpélologle, les observations consiknies
à la p. 467.
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