1 4 8 4 OPHIDIENS SOLÎNOGLYPHES.
Nous n'avons rapporté à ce genre de Daudin qu'une espèce
unique. Nous l'avons cependant adopté, par cela seul que la
queue diffère de celle des Crotales et aussi, comme nous le
verrons, des caractères des autres genres de la même famille;
mais comme les individus atteignent de très-grandes dimensions,
nous l'avons pris pour type de l'organisation de la tête
au groupe des grands Serpents à crochets venimeux ; et nous
allons décrire cette région d'après un individu provenant de
Cayenne, d'où il nous a été rapporté par M. Poiteau.
Le crâne, vu en dessus, est plane et même un peu concave;
peut-être un peu moins que dans les Trigonocéphales. Il a
0'",04 de longueur et O-^jOS de largeur en arrière des orbites;
mais en arrière, entre les mastoïdiens parallèles, il est beaucoup
plus étroit, n'ayant en diamètre que le tiers de la longueur
totale. Ses os frontaux antérieurs, isolés par ime sorte
de ligament transversal, sont ovales, accolés sur la ligne
médiane, représentant une sorte de coeur de carte à jouer.
Viennent ensuite en dehors les frontaux latéraux sur lesquels
les os mandibulaires s'articulent. Ceux-ci sont énormes et
portent des crochets venimeux. Ces petites pièces, parleur
bord externe, forment l'arcade surciliaire; mais en arrière,
ils sont articulés sur les grands frontaux postérieurs, lesquels
sont régulièrement quadrilatères et largement soudés entre
eux et aux pariétaux , pour protéger la cavité encéphalique.
Les os pariétaux qui viennent ensuite sont soudés si intimement
vers la ligne moyenne, qu'ils ne forment ainsi qu'une
seule pièce élargie en avant pour recevoir l'os qui correspond
à la partie postérieure de l'orbite, comme l'os jugal. En arrière,
ce pariétal unique est très-rétréci vers sa jonction avec
l'occipital, les temporaux et les mastoïdiens.
C'est vu en dessous, que le crâne présente le plus d'intérêt.
On remarque d'abord dans toute sa longueur une lame
mince représentant la cloison éthmoïdale et le vomer des mammifères.
Cette lame est reçue en arrière dans un sillon pra-
CROTALIENS G. LACHESIS 1485
tiqué sur le bord antérieur d'une apophyse très-volumineuse,
qui occupe la partie moyenne du Sphénoïde, laquelle se recourbe
en arrière comme un ongle pointu et tranchant.
Sur les côtés et en dehors du crâne, se trouvent comme
suspendus Jes os ptérygo-^alatins, qui sont ici fort remarquables.
Ils présentent en arrière une lame large, plate et
recourbée sur laquelle s'attachent les muscles. Leur extrémité
libre et postérieure s'articule avec la branche correspondante
de la mâchoire inférieure et avec l'os intra-articulaire,
dit os carré. Toute cette portion large et non dentée occupe
près de la moitié de la longueur totale de la région ptérygoïdienne,
et c'est sur elle que s'articule l'os ptérygo-maxillaire,
très-gros, très-large et très-solide au moyen duquel le
mouvement de bascule est transmis à l'os mandibulaire, qui
porte les crochets venimeux. Nous parlerons par la suite de
ces deux os.
La portion dentée du ptérygoïdien interne porte quatre ou
cinq crochets acrodontes; puis en avant, on distingue le palatin
, proprement di t , qui est articulé sur l'extrémité antérieure
du ptérygoïdien, mais en formant un coude antérieur pour
prendre la configuration d'une faucille, dont le bord tranchant
se trouverait armé de deux grands crochets longs, comprimés
et à pointe très-acérée.
Il ne nous reste à parler que des os ptérygo-maxillaires ou
transverses externes, qui ont pris un excessif développement.
Nous savons que ces pièces osseuses ne sont jamais garnies de
dents, quoiqu'elles occupent la place ordinaire des susmaxillaires.
LACHESIS MUET. Lachesis mutas. Daudin.
[Crotalus mutus. Linuseus.)
CARACTÈRES. Corps comprimé, à dos en carène ; tête à écailles
tuberculeuses, non entuilées, mais carénées ; deux grandes surcilières
recouvrent tout l'orbite; le dos marqué de grandes taches
REPTILES , TOME VII. 94 .