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ment, elles ont les mêmes moears. Elles présentent d'ailleurs tant de
variétés de couleurs et de modifications dans la distribution des taches,
que parmi les trente exemplaires que nousavons pu avoir, en même temps,
sous les y e m , pour les comparer , nous n'aurions pu rapprocher deux individus
comme identiquement semblables. Il en est de même des figures
que M. Leiiz (1) a fait exécuter el colorier avec le plus grand soin dans son
ouvrage, où l'on voit des Vipères adultes mâles et femelles et des Vipéreaux
représentés.à des époques successives de leur développement, depuis
six j o u r s , jusqu'à la fin de leur première année. Les figures jointes au
mémoire de M. Wyde r , cité dans la synonymie, el une série de dessins
coloriés exécutés à la ménageri e par M. F . Bocourt, montrent combien
ces variétés sont nombreuses.
La Vipère commune est brune ou d'un gris cendré avec une raie noire
en zig zag sur le milieu du dos, et le plus ordinairement aussi, on voit une
rangée de tachesnoires sur les flancs.
Les écailles sont à six pans, oblongues , entuilées et carénées; la dernière
écaille de la queue l'emboîte comme une sorte de petite corne, La
tête est déprimée et en forme de coeur de carte à jouer renversé. Le devant
du museau qui est obtus, aminci et recouvert de petites plaques, dont
deux sont percées par les narines est souvent d'une teinte plus foncée. On
voit aussi une tache de la même couleur noirâtre au-dessus de chacun des
yeux , formant un trait oblique vers le coin de la bouche , du côté du cou.
Quelquefois, une grande tache occupe le centre de la lête, mais cette disposition
n'est pas constante. Le plus souvent, la raie dorsale commence sur
la n u q u e , au-devant de l'étranglement qui réunit la téte à l'échine. Il ya
tant de diversités, que l'on ne peut tirer aucun caractère de ces taches, car
quelques individus, surtout ceux qui sont d'une teinte foncée, n'ont aucune
marque sur la tête.
Toutes ces variétés, comme le fait remarquer avec raison M. le Prince
Charles Bonaparte, ont été regardées, mais sans motif réel, par divers
naturalistes, comme des espèces distinctes auxquelles ils ont même donné
des noms différents : tels sont les suivants.
1.° La Vipère ocellée, de Latreille et de Daudin, qui est d'un grisroussâtre,
avec des taches arrondies, isolées, bordées de noir et distribuées sur
trois rangs ; le ventre noir, marbré de jaunâtre.
(1) Traité de quelques Serpents propres à l'Allemagne, etc., Schlangenkunde.
Fig. 1, Vipère mâle adulte ; 2 , très-vieille femelle de Vipère,
variété noire ; 3, femelle adulte ; 6, jeune Vipèr e femelle âgée de six jours;
13, dessous de la Vipère femelle adulte ; IG , dessous de lu tête d'une femelle
, etc.
m
Vli'jiulENS. G. Yil'KUE. 1. 1409
2." La Vipère de Rèdi ou de Moyse Charas, ainsi désignée par
Laurenti. Son tronc est marqué de ligne transverses, courtes, formant
(¡iiatre séries longitudinales, dont les médianes se joignent pour produire
]a raie dorsale.
3." La Vipère aspic de Merrem, dont le fond de la couleur est rouillé
ou d'un rouge brun foncé, avec des taches noires, sans ligne dorsale
sinueuse.
i . " La Vipère Chersea de Linné et de quelques autres naturalistes
qu'on a nommée la Vipère rouge ou Aesping et dont le tronc est auss'
ferrugineux ou d'un gris roussâtre. Elle présente, comme la Vipère ocellée,
(les taches noires, ovalaires sur les côtés d'une raie longitudinale sinueuse.
On voit sur la tête deux lignes divergentes qui se joignent de manière
à figurer un Y. Les lèvres sont blanchâtres.
5." Enfin la Vipère Prestar ou noire, nom donné par les anciens
auteurs à un Serpent venimeux. Celle ci a la tête et le dos d'une teinte
générale noire où très-brune , dans laquelle on peut à peine distinguer
des taches plus foncées.
I l résulte de toutes ces modifications de couleurs qu'il est réellement
impossible, dans un si grand nombre de variétés, qui offrent des passages
insensibles ou successifs de l'une à l'autre, de déterminer quelle est
celle de ces prétendues espèces qu'on pourrait regarder comme le véritable
type spécifique, car les lieux dans lesquels on les observe, les saisons et
l'âge des divers individus paraissent avoir beaucoup d'influence sur leur
coloration. Les moeurs, d'ailleurs, sont absolument les mêmes. Au reste,
ces variétés ne sont pas propres seulement à l'espèce dont nous parlons.
La Vipère ammodyle est dans le même cas, car sur une trentaine d'individus
recueillis et observés vivants par le Docteur Host de Vienne, il ne
s'en trouva pas deux parfaitement semblables.
Comme les couleurs du tronc varient, ainsi que la distribution des
taches, on a été porté à considérer toutes ces modifications comme propres
à faire distinguer autant d'espèces et un plus grand nombre de variétés.
C'est surtout sur la ligne dorsale que ces différences sont plus notables.
Nous retrouvons, dans les individus que nous avons sous les yeux, les
diverses apparences que les auteurs ont indiquées dans les figures qu'ils
nous ont transmises. Pour ne citer que les ouvrages de Séba, de Lcnz et
de M. le Prince Charles Bonaparte, nous voyons tantôt une série de
taches arrondies distinctes ou triangulaires interrompues; tantôt la raie
dorsale flexueuse être continue et comme dentelée alternativement à droite
et à gauche. D'autres fois, les taches sont séparées et de forme quadrangulaire,
et constituent une série de petits rhombes ou de paralléloÎ
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