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1450 OPHIDIENS SOLÉNOGLYPHES.
pointe très-déliée, sorte de poinçon acéré qui dilate, sans la
déchirer, la peau de l'animal blessé (1).
Quoique la région supérieure de la peau qui recouvre
la tête, soit généralement revêtue de petites écailles carénées,
les espèces diffèrent entre elles par les plaques qui occupent
la partie antérieure du museau et quelquefois le dessus de
l'orbite ou même de tout le vertex. C'est même plutôt par
cette conformation, que par la distribution des couleurs, qu'il
a été facile de les caractériser pour les faire reconnaître.
Nous avons consacré la pl. 84 bis de l'Atlas de cet ouvrage
à la représentation de la face supérieure de la tête comparée
dans cinq espèces afin de montrer, les particularités qui, sous
ce rapport, les distinguent les unes des autres.
Les Crotales diffèrent de tous les autres Serpents connus par
la faculté qu'ils ont de produire des sons sourds et rapides,
ou plutôt des bruits continus et prolongés à l'aide d'un
organe spécial, nous n'osons dire d'un instrument sonore,
qui suppléerait pour ainsi dire à la voix, dont ces Serpents
sont toujours privés.
Comme cet appareil est très-particulier et que nous n'avons
pas eu occasion d'en parler dans les généralités relatives aux
(1) Nous avons rapporté à la page 145 et suivantes du tome YI du présent
ouvrage, quelques détails positifs sur les effets de ce poison; mais
nous dirons ici que le Crotale n'emploie ses crochets venimeux que.
pour blesser sa proie et non pour la retenir et aider à la déglutition, da
même qu'il ne cherche pas à comprimer ou à étrangler sa victime, comme
le font beaucoup d'autres Serpents. Après l'avoir piquée, il attend l'effet
consécutif du poison pour la saisir et la dévorer, en l'avalant lentement
et peu à peu. Souvent il arrive que ces crochets se cassent, se détachent et
même qu'ils restent brisés dans les chairs, car on en a plusieurs fois observé
dans leurs excréments. Dans une boite dans laquelle on avait envoyé
un Crotale, on a recueilU jusqu'à 18 de ces crochets. On craint
même en nettoyant leur cage d'en être piqué; aussi dans la ménagerie
se sert-on de gros gants pour cet «sage.
CUOTALIENS. G. CROTALE. 14 5 7
téguments, nous croyons devoir entrer dans quelques détails
à ce sujet.
Nous avons déjà vu que dans plusieurs Serpents, l'extrémité
de la queue qui est très-pointue, se trouve protégée par un étui
de corne solide, qui forme là une sorte d'épine ou d'aiguillon
recourbé, dont on a dit que l'animal pouvait se servir comme
d'une arme, pour blesser la proie, avant delà saisir. C'est
même ce qui a fait donner à l'un des genres ainsi conformés
le nom de Acanthophide.
Dans les Crotales, cette extrémité de la queue, au lieu
d'être pointue, se trouve comme tronquée et par une bizarrerie,
que nous n'expliquons pas, il paraîtrait que les trois
dernières pièces de la colonne vertébrale se seraient soudées
entre elles, et comme aplaties, pour composer un seul os
triangulaire, avec trois bourrelets latéraux simulant des
restes d'apophyses transverses des vertèbres, ainsi qu'on les
voit souvent dans les trois dernières pièces du coccyx chez
l'homme. Cet os anormal a été disséqué chez un Crotale, on
a reconnu qu'il est recouvert d'une sorte de matière cartilagineuse
dans laquelle aurait été sécrétée la substance cornée,
comme un épiderme solide, qui conserve en effet extérieurement
la forme de la pièce osseuse sur laquelle elle a été en
quelque sorte moulée et qu'elle semble destinée ainsi à protéger
contre l'exfoliation, comme cela s'observe dans ceux
des animaux ruminants dont la corne revêt les chevilles
osseuses du véritable coronal prolongé en pointe et devenu
de cette façon une arme d'attaque et surtout de défense.
Quoiqu'il y ait trois vertèbres caudales soudées entre elles
et renfermées dans une seule gaîne, on ne voit en dehors de
la série formée par ces étuis, que la dernière pièce, ou celle
qui la termine. Celle-ci est complètement à nu. Les autres,
celles qui la précèdent, n'offrent extérieurement qu'une seule
portion de la partie cornée, car elles sont engaînées et enga-
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