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ii que tfèss-îfflpariaitément, car ceê Indiens en font un grand
secret, e t il n'y a que leurs Devins qui aient l'art de le préparer.
»
« Ces hommes, qui sont en même temps les prêtres et les
médecins, ou guérisseurs de sorts, emploient pour la préparation
du poison une liane, nommée par eux Curari, d'où le
nom de Curare donné au poison. Cette liane, coupée en tronçons
et broyée, donne un suc laiteux, abondant et très-âcre.
Les tronçons écrasés sont mis en macération dans de l'eau,
pendant quarante-huit heures; puis on exprime et l'on filtre
soigneusement le liquide, qui est soumis à une lente evaporation
; alors on le subdivise en plusieurs petits vases de terre
qui sont eux-mêmes placés sur des cendres chaudes et l'évaporation
se continue avec plus de soins encore. »
« Lorsque le poison est arrivé à la consistance d'extrait
mou, on y laisse tomber quelques gouttes de venin recueilli
des vésicules des Serpents les plus venimeux et l'opération se
trouve achevée lorsque l'extrait est parfaitement sec. »
« Dans cet état, et placé hors du contact de l'air humide,
le Curare peut se conserver, à ce qu'assurent les Indiens,
pendant un laps de temps indéfini. »
« Le Curare que j'ai apporté en France a été acheté par
moi chez les Indiens Andagiiias (la nation la plus rapprochée
de la frontière), dans le mois d'août 1842 ; j'Ignore depuis
combien de temps il était préparé, car ce poison se passe de
tribus en tribus jusqu'à la frontière, sans que l'on puisse connaître
ni son origine, ni la date de sa fabrication. »
« J'ai fait dissoudre dans quelques gouttes d'eau distillée
de petites quantités de ce poison et, à l'aide d'un pinceau ,
j'ai enduit d'une légère couche d'extrait, l'extrémité des flèches
faites de palmier Guajo, que j'ai eu l'honneur de remettre
à M. Pelouze. »
« Des expériences faites sur des animaux m'ont donné les
résultats suivants :
EN GÉNÉRAL. , 13 7 5
« Un canard, dont la cuisse a été percée par une flèche, est
mort au bout de quatre minutes.
« Une poule, piquée de la même manière, a succombé
dans le même temps.
« Un vieux coq a résisté à l'action du poison pendant plus
longtemps et il n'est mort qu'après dix minutes. Cet animal,
ouvert après sa mort, n'a présenté aucune lésion qui pût être
attribuée à l'action du poison. »
« Ayant frappé par le moyen d'une sarbacane (bodoguera)
qui est l'arme appropriée à l'usage de ces flèches, un Gallinayo
[VuUur Andinensis), cet animal succomba après trois
minutes et demie. »
« La mort, chez tous ces animaux, paraissait arriver sans
convulsions, sans secousses ; ils s'affaissaient sur eux-mêmes
et éprouvaient, avant d'expirer, quelques vomissements. »
Des chasseurs d'ours m'ont dit avoir été dans l'obligation
de lancer jusqu'à 12, 15 et 18 flèches dans le corps de ces
animaux pour en venir à bout. »
« Le Curare a une saveur amère, très-prononcée, mais qui
n'est pas désagréable. Les Indiens l'emploient, comme tonique,
dans certaines affections de l'estomac ; mais cet emploi
deviendrait mortel, dans le cas d'ulcération de la bouche,
car il n'agit qu'en pénétrant dans la circulation. »
Avec ce Curare, M. Pelouze a entrepris, avec M. Cl.
Bernard, une série d'expériences dont il a fait connaître les
résultats dans une Note détaillée, insérée dans les Comptesrendus
de rAcadémie des Sciences, tom. xxxi, p. B33, 2.® semestre
de 1830. Ces expérimentateurs ont vu que cette
substance agit avec une extrême énergie et à la manière
des venins.
Tout récemment [Comptes-rendus, tom. xxxvm, p. 411,
1 . " semestre de 1834), MM. Brainard et Greene ont fait une
communication relative à l'emploi « de l'iode comme contrepoison
du Curare. » Ils ont constaté que des solutions com-
BEPTILES , TOME VU. 87 .