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1 4 1 0 OPHIDIENS SOLÉNOGLYPHES.
grammes oblongs, dont les angles antérieur et postérieur sont réunis par
une ligne médiane de la même couleur.
Le tronc lui-même varie pour le fond de sa teinte générale qui le plus
ordinairement, il est vrai, est d'un gris sale, mais souvent il passe au
rougeâlre plus ou moins foncé et même on le trouve tout à fait noii», dans
quelques individus et ce sont ceux là qu'on a le plus ordinairement désignés
sous le nom d'Aspic d'après l'idée d'un Serpent venimeux à la
morsure duquel l'histoire attribue la iport volontaire de CleopAlre.
Le dessous du corps ne présente pas moins de variétés dans ses couleurs
qui sont presque constamment analogues à celle du fond général de la
teinte du corps ; cependant en général, elle est d'un gris d'acier, avec des
taches blanches ou grises, qui paraissent s'étendre sur le bord postérieur
de chacune des gastrostèges.
Souvent les mâles sont d'une autre teinte que les femelles. Les uns sont
roux ou rougeâtres, avec nn^e ligne dorsale trés-étroite sur laquelleviennent
se rendre alternativement, et à des intervalles à peu près égaux, d'autres
lignes transversales plus larges. Yipera aspis rufa (mas.) Bonaparte
Iconogr. Faun. ita!, pl. 77.
Les femelles, au contraire, sont grises ou noirâtres, avec la large raie
fléxueuse au milieu du dos, dont toutes les sinuosités sont arrondies.
Généralement, ces dernières sont plus grosses et même elles ont le corps
plus long que celui des miles et leur queue est plus brusquement rétrécie
à la base et un peu moins triangulaire.
La Vipère commune est généralement répandue dans les lieux peu habités;
elle paraît rechercher les cantons boisés, monlueux et pierreux dans
toute l'Europe tempérée et méridionale. Nous l'avons quelquefois trouvée
surla lisière des bois secs, sur les rochers et les sables exposée à la forte
ardeur du soleil. Elle n'est pas rare aux environs de Paris : à Montmorency,
à Fontainebleau; dans les bois élevés des environs de Rouen.
Nous en avons reçu d'Angers, de Poitiers, de Grenoble, de Toulouse, de
Bordeaux.
On la rencontre en Allemagne, en Suède, en Pologne, en Prusse, en
Italie et jusque en Sibérie et en Norwège.
Elle s'engourdit l'hiver pendant i ou S mois dans des excavations
souterraines et sèches, quelquefois sous la mousse et dans des troncs
d'arbres cariés et sous des souches. Il n'est pas rare d'en trouver ainsi plusieurs
réunies, entrelacées et entortillées formant une sorte de masse, dans
des creux de rochers où elles semblent s'être rassemblées par instinct.
Voyez l'Iconographie de M. le prince Ch. Bonaparte. Elles sont alors
toat-à~fait immobiles et dans une sorte de léthargie. Celte hivernation
VIPÉIUENS. G. VIPÈRE. 1. l^ l l
cesse au printemps, première époque à laquelle ces Serpents cherchent à
s'exposer aux plus forts rayons du soleil vers le milieu du jour.
Ces Vipères sont cependant nocturnes. Elles se nourrissent de petit,
mammifères, de souris, de mulots, de taupes, de lézards, de grenouilles'
de crapauds, de salamandres dont on rencontre des débris dans leur
corps. On sait qu'elles mangent aussi au besoin des insectes coléoptères,
des sauterelles, des araignées, des fourmis, des vers de terre et des mollusques.
Les individus que nous avons conservés en captivité se refusent
toujours à prendre la nourriture et peuvent supporter une diète absolue
de trois ou quatre mois et même beaucoup plus longue.
C'est au printemps qu'a lieu leur accouplement. (1) Leur réunion dure
longtemps. A cette époque, les organes génitaux du mâle apparaissent sur
les côtés de la tente du cloaque, comme deux appendices tuberculeux, hérissés
d'épines cornées, quelquefois colorées en noir et on nous en a apporté
dans cet état, comme étaçtdes Serpents munis de deux pattes postérieures.
La femelle ne pond pas ses oeufs. Fécondés à l'intérieur, leur coque est
beaucoup plus molle que celle des autres Serpents ovipares. Les germes se
développent dans l'intérieur des oviductes. D'après ce que nous savons de
l'action que le foetus contenu dans les oeufs doit recevoir de la part de
l'air atmosphérique, d'où il résulterait une absorbtion par endosmose de
l'oxygène et peut être par exosmose, l'issue du gaz acide carbonique, il se
pourrait que dans ces espèces dites ovovivipares, celte opération physiologique
et chimique eût lieu à travers les parois des membranes de l'oviducte.
Ces enveloppes sont alors, en clîet, en contact avec l'air contenu
dans le sac pulmonaire qui, comme on le sait, s'étend très-loin et presque
jusqu'au cloaque dans l'ordre des Ophidiens.
Ce n'est guère que trois ou quatre mois après l'accouplement, que la
femelle donne naissance à une vingtaine ou à une trentaine de Vipéreaux
qui, dès ce moment, sont longs de 12 à U centimètres. Ils portent encore
les débris des enveloppes du vitellus, comme une sorte de placenta dont le
cordon ombilical pénètre dans leur corps et quelquefois aussi ils entraînent
les tuniques extérieures de l'oeuf qui y restent accrochées.
On croit que les femelles ne sont fécondes que vers leur troisième année
et qu'elles ne vivent guère que pendant sept à huit ans. La vie de ces
animaux persiste longtemps. On cite l'histoire de l'une de ces Vipères qui
fut étranglée et suspendue par le cou pendant vingt-quatre heures et qui
(1) Consultez ce que nous avons dit sur celte fonction dans les Scr-^
pcnts, tome VI de cette Erpétologie, page 191 et suivantes. J ;
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