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paraissant foiit-à-fait morte, avait été ]e lendemain posée et arrangée sur
du plâtre liquide, après qu'on l'eût huilée convenablement, dans l'intention
d'en obtenir un moule. On la recouvrit d'une autre couche de plâtre
et elle y fut laissée jusqu'à la parfaite consolidation. Le lendemain, par conséquent
quarante-huit heures après la mort apparente, lorsqu'on enleva
la calotte du moule à creux perdu, le Serpent sortit plein de vie et chercha
à échapper par la fuite.
On a vu des Vipères survivre à la submersion pendant plusieurs heures
dans l'eau, dans l'huile et même dans l'eau-de-vie et résister aux blessures
les plus graves. Des têtes cherchaient à mordre après qu'on les avait
séparées du tronc dans le but d'en préparer des bouillons auxquels on attribuait
de grandes vertus en médecine.
Tous les animaux domestiques , les chats, les chiens, les chevaux semblent
redouter par instinct la présence de la Vipère. L'homme même,
prévenu à la vérité des dangers qui résultent de leur morsure, est tenté de
fuir ou de tuer ces vipères par une sorte de proscription à laquelle ces animaux
et, même par suite, toute la race des couleuvres et des orvets se
trouve vouée généralement.
La piqrtre de la vipère qui n'a lieu le plus ordinairement que lorsqu'on s'y
expose en l'attaquant ou quand on blesse ce reptile involontairement, peut
donner lieu à des symptômes très graves, car les dents font pénétrer dans
la plaie une humeur qui est un poison subtil que la circulation entrahie
bientôt dans l'économie et dont l'activité est telle que dans certaines circonstances,
la morsure a pu être suivie de la mort.
Nous avons rapporté dans le sixième volume de cet ouvrage (p. 139 et
suivantes) les recherches faites par Rèdi, par Vallisniéri et surtout par
Fontana et Mangili sur l'action du venin des Serpents et sur les moyens
employés pour la combattre (ibid page U 9 et suivantes). Il est inutile de
répéter maintenant ces détails', mais comme les observations de Fontana
ont été faites particulièrement sur le venin de la vipère, nous croyons devoir
en consigner ici les résultats principaux.
Il a d'abord admis que cette humeur n'a aucune action sur le corps
de certains animaux comme sur sa propre espèce, sur les orvets, les
limaçons, la sangsue. Il a vu qu'elle n'est ni acide ni alcaline, quoique sa
• aveur difficile à déterminer ait pu donner l'idée d'une substance astringente
et légèrement narcotique , d'une consistance comme gommeuse, qui
en se desséchant jaunit un peu et se concrétie; que dans cet état, on la retrouve
dans la cavilé de la dent longtemps même après la mort de l'animal.
Un milligramme, ou un centième de grain de ce venin indroduit dans
im muscle chez une fauvette ou un serin, suffit pour tuer ces petits oi-
Vll'lbUKNS. r.,. Vll'ilKE. l. iii:
seaux presque instantanément , tandis qu'il en faut six fois davantage pour
faire périr un pigeon et l'habile observateur a vu tout celui qu'il avaU pu
exprimer d'une vipère fort active ne produire en quelque sorte aucun e m
J un corbeau, quoique la totalité de cette hun.eur s'élevât a la quantité
de 10 centigrammes, ou deux grains. D'après ce calcul, Fontana conclut
qu'il en faudrait au moins 15 cei.tigrammes pour produire la mort chez
un homme et GO centigrammes pour faire périr un boeuf.
Au reste, il est probable que selon l'organe blessé, il peut y avoir do
grandes difTérences dons la nature, la promptitude et la gravité des symptômes.
Les piqûres faites au cou, par exemple, sont, dit-on, plus périlleuses
que celles des membres, en raison du voisinage du larynx, du pharynx
et des nerfs pncumo-gastriques et surtout de la multitude des veines
et des ganglions lymphatiques absorbants , quise rencontrent dans cette
région et de leurs rapports avec les organes digestUs et respiratoires.
Beaucoup d'expériences ont démontré que le venin de la vipère peut être
avalé impunément si la bouche n'est le siège d'aucune excoriation ou d une
ulcération et qu'il suffit de sucer la plaie à l'instant môme de la piqûre , ou
d'y appliquer une ventouse en élargissant un peu la trace de la morsure
pour qu'elle ne soit suivie d'aucun accident.
Voici ce qu'on a observé dans la plupart des cas de piqûres par la vipère
chez l'homme. En moins de quelques secondes, il y a gonflement de la
peau dans la partie mordue; la place rougit, s'échauffe et devient luisante;
puis elle prend une teinte violette ou livide ; elle semble comme engourdie,
plus froide et comme insensible. La douleur et l'inflammation semblent
suivre le cours ascendant des vaisseaux ; il survient des élancements de
chaleur et de douleur dans les espaces inter-musculaires. Au bout de quelques
minutes, les yeux rougissent et sont larmoyants; puis surviennent
des faiblesses, des nausées, de la douleur à l 'estomac, de la gène dans la
respiration et.des palpitations de coeur. Il y a souvent des vomissements,
une sueur froide , des gonflements du ventre, une vive douleur dans les
reins, des selles et des évacuations involontaires d'urine. Le pouls est alors
petit, serré, concentré et intermittent; la p e a u d e v i e n t jaune, quelquefois
les téguments qui environnent le point qui a été piqué, sont frappés
de gangrène. Alors on voit l'épiderme se soulever pour former des phlyctènes.
Voir plus h a u t , les détails donnés sur ce sujet , p. 1399.
Ce sont au reste, des cas bien rares que ceux qui amènent la mort . Il
y en a cependant beaucoup d'exemples; ce sont principalement des enfants
et des femmes qui y ont succombé. Constamment, il y a des accidents et
ceux-ci persistent pendant plusieurs jours avec plus ou moins de gravité.
Le traitement de la morsure de la vipère est déjà bien indiqué dans