1438 OPHIDIENS SOLENOGLYPIIES.
V.'' GENRE. CÉRASTE. — CERASTES, (i)
Wagler.
C A R A C T È R E S . Tête de vipère, concave entre les yeux qui sont
surmontés d'écaillés dressées, plus ou moins longues et solides;
vertex couvert d'écaillés tuberculeuses ; à gorge et lèvres
garnies de grandes écailles, dont deux très-volumineuses en
avant près delà symphyse des os sous-maxillaires , forment là
de véritables plaques séparées entre elles par le sillon gulaire.
Ce genre a eu pour type la Vipère Céraste ou cornue
d'Egypte, qu'un grand nombre d'auteurs ont décrite et
particulièrement Belon, mais elle était déjà connue des
anciens. M. Geoffroy St.-Hilaire père l'a fait figurer sur la
planche YI des Reptiles dans la description de l'Egypte. On
a supposé que ce Céraste était la véritable Vipère de Cléopâtre.
Nous donnerons quelques détails à ce sujet en faisant
connaître cette espèce.
Laurenti en appliquant le nom de Cerastes a son 24.®
genre de Serpent p. 81, y inscrit onze espèces très-différentes
les unes des autres. Il ne les avait réunies qu'en raison de
leurs formes et surtout des écailles de la tête arrondie et de
la queue obtuse, mais l'espèce principale admise aujourd'hui
par les auteurs a été indiquée par Laurenti comme étant
sous le n." 251 l ' A s p i c de Cléopâtre.
II est nécessaire de dire qu'il y a eu cependant quelques
confusions parmi les naturalistes, qui ont employé le nom
(1) Ce nom grec Kspacrr;;?, qui signifie cornu, a été employé par les plus
anciens auteurs tels que Aetius, Dioscoride , Pline, Lacain, pour désigner
une vipère ayant des cornes. C'est sous ce nom qu'en ont parlé Aldro-
•vandi et Gesner. Laiire^i a employé d'une façon inexacte ce nom
comme celui d'un geiire, car aucune des onze espèces qu'il y a inscrites
n'a les orbites surmontées d'une sorte de corne.
VIPERIENS. G. CERASTE. 1439
de Cerastes , et cela par la faute d'Hasselquist qui, en publiant
son voyage en Palestine de 1749 à 1732, a décrit,
sous le nom d'anguis cerastes; une sorte d'orvet ou réellement
VEryx javelot ou turc, sur la tête duquel des psylles ou prétendus
enchanteurs de Serpents implantent sous la peau du
crâne des ongles d'oiseaux ou de petits mammifères. Comme
ces ongles s'y greffent, continuent de croître et simulent des
cornes, ces bateleurs les font voir au public comme des
Cérastes qu'ils ont apprivoisés. Consultez, au reste, ce que
nous en avons dit, dans cette Erpétologie, tome YI, p. 463
et suivantes.
Quoiqu'il en soit, nous réunissons sous ce nom, comme
l'a fait Wagler , trois espèces différentes de Vipères remarquables
et essentiellement distinctes par la disposition et
l'allongement des écailles, qui forment le bord supérieur dés
sourcils et qui constituent ainsi une ou plusieurs cornes. Ces
trois espèces diffèrent d'ailleurs assez entre elles pour qu'on
doive les regarder comme distinctes.
Cependant, elles ont réellement entre elles une grande
ressemblance de physionomie, quoique provenant de pays
très-divers, d'Egypte , de Perse et du Cap.
Leur tête a la même forme, mais l'écaillure n'est pas la
même. Dans le Céraste d'Egypte, les écailles sont granulées,
arrondies, très-petites; les narines sont situées à une assez
grande distance des yeux ; on remarque une sorte de ligne saillante,
formant un angle et qui, commençant derrière les narines,
se joint aux sourcils dans lesquels la corne est comprise et
se prolonge en arrière pour former la concavité syncipitale.
Dans les deux autres espèces, le dessus de la tête est véritablement
écailleux; mais dans le Céraste de Perse, les
narines sont largement ouvertes au dessous de la ligne
saillante anguleuse qui semble passer par l'oeil, pour se prolonger
beaucoup plus en arrière et la corne surciliaire est
formée de cinq ou six écailles réunies, dont l'une d'elles
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