7 8 4 OPHIDIENS OPISTHOGLYPflES
longueur et fortitiés en volume ou en grosseur, pour loger et
supporter les dents fistuleuses et cannelées.
Une autre disposition, également caractéristique, chez les
Opisthoglyphes que nous éludions maintenant, c'est que leurs
os sus-maxillaires sontfixes et presque immobiles, parce qu'ils
sont solidement joints en arrière et souvent soudés avec les os
transverses, lesquels semblent ne faire qu'un tout, destiné à
opposer une sorte de résistance pour arrêter et empêcher le reculement
de la pièce osseuse garnie de crochets, ce qui est
l'inverse de ce qu'on observe dans les espèces à crochets venimeux
antérieurs.
Dans les Solénoglyphes, en effet', les os sus-maxi l laires ,
quoique volumineux, sonttellement réduits sur leur longueur,
qu'ils n'offrent plus de place pour recevoir en arrière d'autres
crochets; d'ailleurs, ils sont articulés et suspendus sur un axe
mobile pour être mis en action sur une sorte de bascule et
comme repoussés sur un charriot mobile, afin de relever et de
porter en avant les seulscrochets venimeux qu'ils supportent.
Ce mouvement s'opère toutes les fois que les mâchoires s'écartent
de haut en bas, en se dilatant également en travers,
ou dans une position inverse, pour les porter vers la gorge en
les faisant basculer et rentrer à l'intérieur, lorsque labouche
se ferme, ou quand toutes les parties se rapprochent entre
elles dans l'état d'inaction absolue.
Ici, dans les Opisthoglyphes, les dents à venin sont tout
autrement placées; elles ne sont jamais seules et isolées, mais
toujours précédées de crochets simples, beaucoup plus nombreux,
qu'elles surpassent en force et en longueur. Ces dents
cannelées sont toujours contenues dans une cavité particulière,
creusée dans l'extrémité postérieure de la branche ou de l'os
s u s - m a x i l l a i r e , qui est ainsi le plus souvent dilatée sur le point
même où les germes des crochets à venin ont été sécrétés, nonseulement
pour leur permettre de se développer et de venir
se fixer solidement sur l'os même, mais pour qu'ils puissent
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se succéder et se remplacer successivement ou les uns après
les autres. C'est aussi derrière ce réservoir ou cavité osseuse
que vient se souder et s'arc-bouter le bout antérieur de l'os
transverso-palatin dit à tort ptérygoïdien externe. Cette pièce
osseuse fournit, ainsi que nous l'avons dit, un point de résistance
pour s'opposer au reculement, au retour inverse de
l'action propulsive exercée sur l'os sus-maxi l lair e , quand la
proie s'y trouve accrochée et retenue par les dents nombreuses
qui le garnissent sur sa longueur.
On rencontre généralement dans la fosse indiquée deux ou
trois germes des dents venimeuses à sillon et comme nous
le disions, ce sont des armes d'attente ou supplémentaires
plus ou moins développées suivant leurs rangs de dehors en
dedans. Ces dents sont là en expectative, destinées à suppléer
à leur tour, l'un de ces crochets cannelés , s'il vient à être
cassé ou rompu ; elles doivent succéder à ceux qui manquent
et les remplacer, afin que l'action, dont le but et l'importance
sont si manifestes, ne soit jamais suspendue.
Les bases qui ont servi à établir le nombreux sous-ordre,
parmi les Serpents, que nous désignons maintenant sous le
nom d'Opisthoglyphes, sont dues principalement aux recherches
de M. D o v s r n o y , notre savant confrère qui les a fait bien
connaître dans un mémoire lu en 1830 à l'Académie des
sciences, mais qui n'a été imprimé qu'en 1832 (1).
Il est vrai que les caractères anatomiques propres à distinguer
ces Serpents venimeux, de ceux qui ne le sont pas
avaient été déjà indiqués, ainsi que nous l'a appris M. Schlegel
dans une note insérée à la page 27 du Tom. I de son ouvrage,
par M. Reinwardt. Ce dernier avait fait connaître, en
1810, à Boié, l'existence de ces crochets postérieurs cannelés
dans plusieurs espèces de Dipsas et d'Homalopsis.
(1) Annales des Sciences naturelles Tome X XVI p. 115 et par suite T.
X X X pag. 5.