
J’ai en l’honnenr d’expliquer à V. M. les rai-
fons que j’ai de croire, que le niveau moyen
de nos plaines n’eft pas éleve' de plus de 200
Toifes au defliis de celui de la Mer, Maintenant
, quiconque connoîc le rapport du terrein
occupé par les Montagnes avec celui des plaines
, 8c le volume des premières, fera convaincu
, que quand on les abattroit toutes, pour
les répandre fur toute l’étendue des Continens.
ceux-ci ne fe trouveroient pas élevés de 100
Toifes de plus que le premier niveau moyen
des plaines. Voilà donc enfin, en accordant
jusqu’ici tout ce qu’on a voulu, même des im-
poflibilités ; voilà , d is - je , 300 Toifes perpendiculaires
de terrein forti de la Mer, 8c feulement
dans une “étendue qui n’eft pas ,1a moitié
de la furface totale du Globe > 8c foit que par
cette confidération on n’accorde que la moitié
de l’abaiffement à la furface reliante, qui eft
celle de l’Océan -, foit qu’on la fuppofe abais-
fée même de 300 Toifes qu’eft - ce que cela
en comparaifon de 3220 Toifes d’abaiifement
que le fyftéme devroit expliquer? A chaque
pas de cette réfutation j’ai befoin de me dire,
que lorsque ce fyftême parut, il fut écouté
çomme un apperçu plaufible, 8c que par con-
féquent fes défauts ne frappèrent pas. Sans
cela je n’aurois pas la force de continuer.
Si du volume de nos Continens, on palfe à
l’examen de leur figure; combien plus ne fera-
t-on pas étonné ? Comment la Mer, en pous-
fant toujours uniformément des matières de
fon fond fur fes bords, auroit-elle fait, tantôt
une Montagne, tantôt une Vallée, puis des
Plaines ou des Côteaux? Cela eft encore inimaginable
: aucun effort d’Hypôthèfe ne peut
y atteindre. Je fuppofe encore une fois tous
les fommets arrivés à la furface primitive des
Mers : fi cette furface doit s’abaiffer, ce n.?eft
que par l’élargiffement de ces fqmmets; car
c’eft autour d’eux feulement que les vagues
peuvent pouffer des matières un peu au deffus
-de cette furface. Ils feront donc tous réunis,
8c ne feront qu’une feule plaine, avant que le
niveau de l’eau ait changé fenfiblement.
A préfent il eft naturel que V. M. demande,
s’ il eft des faits au moins qui aient donné nais-
fance à ce fyftême ? Si l’on voit tout autour des
Continens quelque aecroiffement régulier 8c
fucceffif, qui, en montrant encore aujourd’hui
l’ opération fuppofée, autorife à croire qu’elle
s’eft faite dans les anciens tems. Et à cette
feule demande encore, tout le fyftéme
s’écroule. Nous n’avons pas befoin de re