
Mais d?où vient donc ce limon que les Fleuves
charient à la Mer ? N’eft - il pas toüjours en
diminution des Montagnes? Là ibouffe non
plus ne fauroit arrêter les e'boulcmetis. Peut-
elle retenir un rocher qui le détaché? Peut-
elle même croître à de grandes hauteurs? Ces
queftions font naturelles, & je dois y répondre.
Mais l’examen des Montagnes fous ce nouveau
point de vue exige bien des détails : il convient
donc de Îe renvoyer à des Lettres fui-
yantes, dans lesquelles j’efpère dé prouver à
V. M. que nos Montagnes fe conferveront, &
que parconféquent d’autres Montagnes, s’ il en
avoit exifté auparavant, fe feroient confervées
pomme elles, aufli longtems du moins qu’ il n’y
auroit eu pour les attaquer que ces mêmes
agens auxquels on a cru pouvoir attribuer la
deftruétion de Continens anciens, êç la forma*
$ion de ceux que nous habitons.
L E T T R E XXX.
Continuation du même fu je t — T a l u s
formés des décombres des Montagnes —
Conquêtes de la végétation fu r ces T a l
u s — _ Première idée du travail
des Montagnards.
L a u s a n n e , le a6 Janvier 1776.
M A D A M E
)i les écarts ou les discuffions d’une Phyfi-
que presque entièrement fpéculative, „avoient
fatigué V. M. fur la route pénible & vague
par laquelle on nous a longtems promenés
au travers des Continens & des Mers; j’ efpère
qu’ELLE éprouvé un peu de repos depuis
que nous nous fommes arrêtés dans les. Montagnes,
& que des objets réels, aufli intéres-
fans pour l’Humanité, que pour la Théorie
de la Terre -, fixent enfin nos regards.
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