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micrs chemins qui s’ offrent à la pente naturelle
des eaux. Mais bientôt des courants op-
pofés fe rencontrent & fe heürtefit ; l’eau
tourbillonne & écume de toute part ; les courants
les plus forts repouffent les plus foibles,
qui cèdent d’ abord; mais recevant peut-être
enfuite de nouvelles eaux, ou s’appuyant
Contre des Collines, ils repouffent à leur tour
ceux qui les avoient d’abord furmontés, ou- les
forcent à fe détourner dans un lit commun :
en un mot l’eau eft partout dans une agitation
violente, tant qu’ il refte des lieux découverts
qu’elle peut encore occuper. Mais
lorsqu’ enfin tout eft couvert & qüe l’équilibre
eft établi, le calme fuccède au tumulte, & ces
eaux, doucement contenues les unes par les
autres, ne font plus d’effort pour fe vaincre.
En cet état elles pourront bien éprouver çà
& , là quelque mouvement momentané, produit
par des caufes particulières de dilatation ou de
contraction; mais l’ équilibre fera bientôt rétab
li, par la réfiftance toujours promptement
efficace de la maffe totale.
Ceft ainfi que je me repre'fente les conflits
des hommes, fendans à couvrir ; la furface de
la Térre par leur multiplication. Lorsqu’ils
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L e t t r e XXXIV. d e l a T E R R E. igi
commencèrent à s’y-é ten d re , tout leur étoit
ouvert:' ils pouflèrent iàns réfiftance leurs
courants de peuplades dans les lieux où leur
pente naturelle les entraînoit; & fans doute
même qu’ils fuivirent à l’ ordinaire celle
des eaux, au bord desquelles ils trouvèrent
plus aifément leur fubfiftance. Mais
il arriva un moment Où des courants différents
fe rencontrèrent ; & fi quelquefois il
y- eut des réunions paifibles, il y eut plus
fouvent des conflits : nous pouvons nous les figurer
d’après la connoiffance de l’Homme; &
l’Hiftoire nous les retrace en effet, dès les
tems .les plus reculés jusqu’ à nos jours. Ld
Monde aétuel n’eft pas fort ancien, puisque
çes conflits ne font pas terminés par l’ équilibre
auquel ils tendent : & en effet les courants
humains s’étendent & fe verfent encord
en mille endroits, parce que la furface de ld
Terre eft bien loin d’ en être encore entièrement
. couverte. De tems en tems donc ils fe
heurtent en fe rencontrant, & ils continueront
à fe heurter quelquefois jusqu’ à ce qüe la population
de la Terre foit générale , & qu’eilë
fe foit mife de niveau, non en couvrànt également
le terrein, mais en fe proportionnant
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