
phithéatre continuel , jusqu’ à une grande hauteur
dans les Collines. La plupart aiiiïï des
côtés du Rhône où font tous ces Vignobles,
de Milleri, de Condrieux, de Vienne , dit l’Hermitage
, font élevées de cette manière ; $ & f la
même efpèce de culture s'étend fur-le pied '
des Montagnes & des Collines de la Prdvence
& du Languedoc. Nous avions Oh ' finguMer
plaifir à les confidérfer dans notre voyage -de
l’année dernière. Le mo*indre recoin où ¿un
petit mur avôit pu être élevé pour retenir le
terrein qui fe détachoit des parties fupërieures,
avoit reçu qùelques feps.; Les filions des rochers
ont facilité cet ouvrage ; Lle moëilon -s’y
êft raffemblé: on en a aïïuré la confervation
çn le coupant par de petites murailles; & les
feps-qui y font plantés étendent leurs branches
iui- les rochers qui les entourent.1
Les hommes donc accélèrent beaucoup les
conquêtes de la végétation mais fur-tout ils
travaillant fans-celle à convertir à leur ufage
tout ce que la végétation fpontanée a ^éjà
pommencé. Les Bviffonï & les ’'B6ir lui- -api
partiennent pour l’ordinaire:' ils font très utiles
fans doute à la fociété; mais le particulier 'qui
les poifède n’ y trouve pas toujours autant d’a-
yantagé qu’à lés' réduire en culture. L ’intérêt
particulier tend donc à défricher les Bois ; & fi
on le laifibit agir librement, leurs pofTefleurs,
les réduifant à leur unique nécelfaire, laifle-
roient les autres hommes mourir de froid; les
pauvres au moins, qui ne pourroient plus payer
le prix qu’exigeroient de leur bois ceux qui le
prendraient fur leur néceflaire. Ce prix fans
doute arrêterait .enfin les progrès du mal ; il
conviendroit alors de garder vfes Bois-, on en
planterait même peut-ê tre . Mais les Bois ne
croifient pas comme le bled ; & la génération
où le mal fe déclarerait, fouffriroit beaucoup
avant qu’elle eût produit le remède.
C ’eft par cette raifon. que dans tout Etat
bien réglé, le Gouvernement reftreint la liberté
particulière dans l’exploitation des Bois: il eft
défendu d’en détruire fans permiflion : on oblige
-même les poifeifeurs à les mettre en coupe réglée
; . c’eft - à - dire telle , que n’en çoupant
qu’une certaine portion par année, fuivant leur
nature & leur étendue', le côté où l’on a coupe'
la première année, foit prêt à être coupé de
nouveau lorsque tout le relie l’aura été fuc-
ceifivement.
Cet exemple de la néceiïïté de régler l’intérêt
particulier pour le bien du tout, dans les
propriétés même, qui a lieu dans presque tous
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