
Ions voir opérer. Car les Faits, confidérés feuls,
font presque toujours équivoques; & fans cela,
comment fe formeroit-il tant de fyftémes fur les
mêmes objets ! C’eft cette obfcurité des *Faits»
qui a conduit les hommes à l’ idée du probable.
Nous jugeons les objets par ce qu’ ils nous pa-
roifient être. Et comme la plus grande partie
de leur effencenous échappe toujours, nous n’ avons
que quelques points épars pour former nos
hypothèfes. Nous ne produifons donc que des
idées probables-, c’e f t - à -d i r e , telles que rien de
certain ne s’élève formellement contr’ elles. Et
par là il arrive fouvent, que nous tirons dès
mêmes Faits, des idées probablescontradiétoièes.
Cette connoiffance fi imparfaite de la nature,
des chofes, & notre penchant à remplir les lacunes
par les reifources de notre imagination,
nous rendent abfolument néceifaires les Théories.
C’eft-à-dirc, des principes généraux, déduits de
l’enfemble des objets déjà allez bien connus.
C’eft ce que ne confidèrent point allez les Na-
turaliftes qui crient, les Faits ! les Faits ! Comme fl
nous connoiffions beaucoup mieux, les Faits, que
les Principes. Nous ne découvrons que quelques
petits coins des uns & des autres ; & fans leurr
aide mutuel, le Philofophe ne feroit qu’un vifio-
naire, & le Naturalifte qu’un nomenclateuï;
Ce font les Principes, tels que je viens de les
définir , qui contribuent le plus à nous garantir
dès faufleé apparences. C’eft par eux que nous
fommes déjà ft clairvoyans fur la Nature en
comparaifon des Anciens, qui n’avoient pas
encore eu le -tems de raflembler un grand nombre
de combinaifons. Et puisque le tems feut
peut, à cet égard, aider l’Homme ; nousparoîtrons
probablement bien aveugles aux yeux de la Pofté„
r ité , tout clair - voyans que nous croyions être,
Paroilïons lui du moins circonfpeéts !
Dans le recueil des Faits bien avérés, nous
avons une Montagne nouvelle, fortie d’une Plaine
près de Pouzzole, & quantité d’Isles forties de
la Mer; le tout par l’effet des feu x fouterreins.
Mais avant que de décider comment ces Faits
peuvent s’arranger dans un fyftême fur l’état pré-
fent de la furfaçe de la Terre/ examinons de
quelle manière les feu x fouterrains peuvent, agir:
& nous reviendrons enfuite à confidérer les
Faits eux-mêmes. Peut-être qu’alors nous en
tirerons des conféquences plus iüres.
L e Feu peut être confidéré ic i, ou comme
chaud, & liquéfiant les matières minérales ; ou
comme produifant des fluides êlafliques, & agiflànt
lui-même comme tel. Par la première de ces
propriétés, il façonne tout çé que nous appel