
ment; & erf s’étendant, elle fe fortifie d'elle-
même; car e’eft là qu’arrive tout le gros
moellon, & fouvent même de bien grandes
pièces de rocher. Plus les blocs qui fe détachent
font gros, plus ils roulent loin ; car l’air
les retarde moins dans leur chûte, & le terrein.
les ralentit moins dans leur roulement. Cependant
il refte quelquefois de fort grandes pièces
de rocher fur les Talus; foit qu’ elles fe détachent
de bas & ne fafient que gtfffer fur la
pente, foit qu’en tombant de haut elles arrivent
à plomb ilir les Talus & y produifent un enfoncement
qui les arrête : mais fi le pied des
rochers fe trouve une fois garni de ces grandes
pièces; ' celles qui fuivent tombant fur elles,
bondiffent & roulent alors jufqu’ au bas.
A mefure que le rocher s’ abaifle, & que le
Talus s'élève, les chûtes fe font d’une moindre
hauteur, & les matières qui tombent ayant
ainfi moins de vîteffe, ceffent plutôt de rouler.
Par là p e u -à -p e u le TVr/ttJ devient plus rapide;
alors le nouveau moellon recommence à rouler
; parce que plus de pente, compenfe moins
de viteiTe acquife dans la chûte: ainfi les morceaux
qui fe détachent des rochers, gagnent
encore de tems en tems le bas du Talus. Mais
enfin leur arrivée ceflant d’être fréquente, la
végétation commence à s’ emparer du terrein
par fes gradations ordinaires, les moujfes ou
les gazons, les htoffailles ou les bois, Je dis les
Bois, en ihppofant que les Talus fe forment au
bas ou jusqu’à la hauteur moyenne des grandes
Montagnes', car dans le haut, il ne peut plus
croître d’arbres : il n’ y a pas même de grandes
tnoujfes, & l’on n’y voit plus que des gazons.
Je ne parle ici que des Talus ; les Rochers
encore folides font garnis de plantes plus
variées.
Dans le moment même où j’écris, je n’ ai qu’à
lever les yeux pour voir de l’autre côté du Lac
maint exemple de l’eipèce de Talus dont je
parie, c’ e ft -à -d ir e de ceux qui font arrivés
au point où la végétation commence. Le Talus
le plus voifin de moi, a pour le moins
une lieue d’étendue & mille pieds de hauteur
perpendiculaire. Les Rochers qui l’ont formé
font totalement détruits en quelques endroits,
& en ¿d’ autres ils ne le dominent plus que de
deux à trois,cent pieds. ' Il eft aétuellement
couvert de neige, & je diftingue parfaitement
tous les fapins qui y font répandus.
Que V. M. daigne me permette d’ employer
ici une figure, peut-être un peu hardie, mais
»fous laquelle je me repréfente toujours cette