
a presque toujours pour fondement quelque vérité.
Ainfi les argumens de Telliamed fur ce
point, ont pour le moins autant de force, que
ceux de quelques autres Naturaliftes qui fe font
engagés dans la même carrière; En effet, il ne
s’ eft1 expofé à des réfutations plus directes, que
parce qu’il n’ a pas cherché à éluder une ob-
jeétion à laquelle tous ces fyftêmes font fujets.
Si le concours fortuit des circonftances a formé
autrefois fur notre Globe des plantes, des animaux
& des hommes, pourquoi les mêmfes circonftances
n’ en forment - elles plus ? I l eft poJft-
ble, répond - on, qu’rl rtianqûe aujourd’hui quelqu’
une des eirconftances qui ont contribué aux
générations fpontanées, & que la Terre foie réduite
à préfent à la propagation. Cependant
on cherche tout doucement à établir la pojjibiti-
tê de k génération de quelques nouvelles efpè-
Cès, par des relations de ce qui fe pafle dans
le Monde microfcopique. 11 eft aifé de fentir
pourquoi'on n’ en cherche pas ailleurs.
Telliamed a été plus hardi, il a accordé tout
l’argument; & s’effc mis en devoir de prouver
qu’ il fe forme en effet de teins en tems & même
très fouvent de nouvelles efpèces, qui
d'abord commencent dans , la Mer, & qui fe
terrejftrifient enfuite, comme tout ce qui croit
& vit fur la fur face des terres l’ a fait fucceifi-
vement félon lui. .
C’eft du paflage de la Mer à la Terre, qu’ il
s’occupe furtout relativement à l’Homme &
voici comment il débute (a). „ Quant à
„ l ’Homme, qui doit être l’objet dp .notre
„ principale attention, vous aurez lu fans doute
„ ce que vos hiftoires rapportent des Tritons ou
„ hommes marins. Mais laifibns a part ce que
„ les anciens ont écrit fur cette matière. Je
„ paffe fous filence ce que votre Pline, „qu’on
„ a peut- être mal à propos blafonné du nom
„ de menteur, a dit d’un Triton qui fut vu
„d a n s la mer jouant de la flûte; . . . . Je ne
„ vous parlerai point non plus de cette tra-
„ ditiqn généralement répandue, qu’il y a des
„ formes humaines parfaites de la ceinture en
„ haut, & fe- terminant en poiflon.. . . J’ou-
„ blierai en un mot tout ce qui peut être reg
a r d é comme une produition de l’ imagination
„ des Poètes; & je ne m'attacherai qu’à des faits
„ atteftês, voifins de nos tems, & qui foieiit
„ à portée de nos recherches. ”
Il eft bien courageux de vouloir employer
des exemples dont la vérification foit à notre
portée ; : car de tems en tems il fe rencontre
des gens qui ib donnent la peine de
(«) Toa. H* F*S* ,77< Y