
allongeant leur tronc. De forte que peu à peu
les fôrets ou les pâturages fc foulèvent, fans
que les générations fucceltivès des hommes qui
en pfofitent, püiflent s’appercevoir de ces opérations
, vifibles feulement pour l’obfervateur
qui calcule.
Je me fuis un peu étendu fur cette opération
de la Nature dans les Montagnes, afin de la
rendre par là plus fenfible à V. M., en tâchant
de la mettre comme fous S e s yeux. Après ces
‘explications, Elle pourra reconnoître Elle-même,
fans qu’Elle ait befoin de voir les Montagnes
, la vérité des principes que je pofe. Les
grands chemins feuls en font une preuve^ continuelle.
Pour peu que les Plaines foient entrecoupées
• d’élévations, les routes qu’on y
ouvre laiffent dans les côtés des terreins ef-
carpés, qui s^êbouknt & forment des Talus;
ceu x -c i fe couvrent peu à peu de gazon, fi
rien ne trouble cette opération infaillible de la
Nature; & là , de même que partout où les
terreins s’éboulent ou fe font anciennement
éboulés, on peut voir en petit, ce qui fe fait
en grand dans les Montagnes de tous les Pays
du monde.
Mais l'es eaux ne permettent pas à ces opérations
de fe faire auffi tranquillement que je
I l’ai ibppofé d’abord; elles les modifient même
I confidérablement; & ce n’ eft que parce que je
I me trouvois embarraiTé à préfcnter tous ces
I objets à fa fois d’une manière, diftinéte, que
I je les ai féparés. Jusqu’ ici j’ai écarté les Tor*
E rtns, ces defiruéteurs furieux des Montagnes *
E pour n’envifaget que ce qui fe paflèroit fans
I eux. Mais je ne puis les contenir davantage;
i i l faut leur laiffer leur cours, & voir comment
j . les Montagnes fe fauveront de la ruiné dont
■ ils les menacent
■ Les Torrens font les écoüleniehs momenta-
1 nés des pluies ou des neiges. Ils font terribles
I dans les Montagnes, où ils fe précipitent par
I les routés les plus courtes, & par conféquent
I les plus rapides. La violence de leur chûte les
^¡| rend capables de rouler de fort groflès pierres j
d’entraîner même peu à peu dans leur Cours
■I des rochers imuienCés > en minant le terrein fur lequel repofent fuccelfivement ceux qui font
arrivés jufqu’à leur lit.
Les Torrens, en descendant du haut dos Montagnes
, en détachent donc réellement une grande
quantité de pierres ; & ils en avanceraient
beaucoup la d é fe c t io n , s’ ils poùvoient porter
bien loin ces matériaux. Mais bientôt, la
•aufe eeflànt, l’effet ceffe. Dès que les Tvr-
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