
partie forme' par des pièces de bois artifte*
ment arcboutées, foutire de cette cascade
quelquefois terrible, un filet d’eau toujours
égal ; & par ces aqueducs, moins durables que
Ceux des Romains, mais plus aifément réparables
, le rüifleau gazouillant arrive enfin à la
maifonhette & y fait tourner un moulin.
Malgré cet indice d’un lieu habité, on ne
s’ attend point d’arriver par un tel chemin à la
plus charmante Vallée ; & la furprife augmenté
le plaifir de la trouver. Les ravages des fiècles
antérieurs l’ont préparée; les Torreris eh oht
rendu le fol horizontal, en adouciflàntles pentes
tout au tour. C’eft en quittant ce lieu que la Ri-»
vière s’ irrite; car la elle coule doucement dans un
Canal uni & ombragé, & les prairies les plus riantes
bordent cette eau maintenant paifible. Les
Montagnes qui s’élèvent de toute part, garantis-
fent des vents froids le fond de cette Vallée oh
le foleil en même tems Concentre fes râyons ; ce
qui favorife toute efpèce de culture: la vigne prospère
dans les abris au pied des rochers, le fourrage
dans les pentes, le grain fur les croupeS
des côteaux, qui montent eh amphithéâtre
jusqu'aux Bois. Ce grand ouvrage de la Nature
& de l’Art a été tour à tour la caufe 8t
l’ effet d’une population devenue très nombreu-
L ë t ï r ë XXXI. f i l t A T Ë R R Ë. S i
i f è , & qui jouît en ce lieu ignoré, d’une tran-
I quillité presque inaltérable. Elle eft diftribuée
■ dans de petits hameaux dispérfés çà & là
■ dans les coupures des anciens Torrens, oîi
■ coulent maintenant des RuiffeaüX; & dans un'
! grand Village que des vergers & des jardins
entrecoupent & entourent. Un lieu furtout
gteft très foigné; il eft dans la plus agréable po-
fition, & les plus grands arbres l’environnent.
• Ce lieu attire l’attention ; on y découvre la fié-
¡J che d’un clocher qui iurmonte les arbres; &
I dés fentiers y aboutiffent de toute part.. : .
I l l s ont donc auifi le bonheur de fe plaire à
I remercier Dieu des biens dont ils jouïffent!,...
I Quel doux fentiment que celui de la recon-
^Inoiffance ! Comment y a-t-il des ingrats!
è Voilà comment ces deftruétions apparentes
„ des Montagnes, ne font que le paifage à un
1 état de jouïfiance réelle & durable pour l’Hom-
Im e , & qui feulement s’accélère ou fe retarde
I fu iv an t la dispofition des lieux. Je dis que
■ cette jouïfiance eft durable; car dès que les
i Montagnes font devenues fertiles, tout tend à:
I les conferver. Les hommes alors ajoutent leurs
iI foins à ceux de la Nature. La Rivière qui tra- verfe le Vallon, eft foigneufement contenu®
dans fon lit, & les Terrera qui s’y jetteas
i'eme I I IF . Ptrtie, F