
Pefprit de contention, je ne dis' pas feulement
chez ceux qui me'connoiiTent ce Gouvernement
, mais chez ceux meme qui s’y croyent
entièrement fournis , & qui cependant n’ont
pas encore appris à imiter la S a g e s s e fu-
prême, qui ne s’ irrite point des travers des
hommes, & ne fe laffe point de leur préfenter
leur bien pour motif, maigre leur lenteur à
Pappereevoir. ’ ,
Ce fera alors que les Gouvernernens humains
fe perfectionneront ; parce qu’ ils reconnoîtront,
plus que nominalement, un Gouverneur fuprê-
jnc • condition iàns laquelle tout ne peut
jître que confufion, malgré la plus grande affectation
d’ordre ; mais aveq laquelle, fans
aucun effort, tout revêtira, l’ordre. Et ce
fera une des grandes fourqes du bonheur
de la fociété; comme l’état contraire en eft . le
Jourment.
Je me fuis -livré, M a d a m e , à ces réflexions
Téléologiques, & à cet horoscope dp
JiHumanité, parce que je fais que V. M. fe
ien t, & ie plaît a être, fous le Gouvernement
$e la P r o v i d e n c e . Les Montagnes ont été
pion texte, parce que je les ai particulière
piçm etudiees : mais il iuffit d’être vraiment
attentif, pour appercevoir ce Gouvernement
dans toute la Nature, Quoiqu’on en d ife , ce
p’eft que par le manque d’ attention,, que le
fyftême contraire a pu s’ accréditer. On croit
fatisfaire à ce devoir de l’Homme .qui raifonne
fur la Nature, en accordant d’ entrée qu’ elle
pardt tendre à des buts fages & bons; en même
tems qffon ne donne de véritable attention
qu’à l’étude ou à la recherche d’Hypothèfes,
par lesquelles on tâche d’ expliquer les Phénomènes
fans l’ intervention d’une Caufe intelligente
: ne confrdérant ainfi l’afpedt de dejfein
que préfente le Monde, que comme une des
conditions d’un problème, dont on ne s’ occupe
que pour expliquer comment cependant
il n’y a point de dejfein réel. Mais on fe
laffera enfin de ces jeux de Pefprit qui laiffent
le coeur ruide. N ’en croyons point ceux qui
nous difent, qu’ un peu plus ou un peu moins
intelligence dans l’Univers, ne prouve rien
à leurs yeux: accumulons toujours les èxem-
ples qu’ en fournit la Nature lorsqu’on l’étudie:
ils ys’y plairont eux-mêmes fans s’ en douter.
La vue de tels dejjeins frappe, entraîne: c’eft
une Beauté, qui foumet les coeurs malgré eux :
mais dès qu’qn a goûté le bonheur de vivre