
caufe extérieure tendoit à de'truire le fol qui la
porte.
Cette couche ne s’accroît qu’ à la faveur des
plantes dont les racines la pénètrent & la
lient. On voit bien plutôt paroître une moujfe
fur un rpcher, que le moindre dépôt nud de
la fubftance qui la nourrit. Cette terre, ne fe
trouve presque jamais que fous les plantes:
elle eft noirâtre, fine & affez tenace; & fait
par cette ténacité naturelle, foit à caufe des
racines qui la pénètrent & s’appliquent iritimé-
■ ment aux plps petites finuofités des rochers, on
n’ arrache qu'avec peine les gazons qu’elle porte.
Les vents ne peuvent rien fur ces gazons;
& bien loin que la pluie les entraîne, c’ eft
elle qui les forme. La gelée n’ y fait rien
non plus: elle ne peut guère attaquer les gazons
des Montagnes, qui font recouverts de
neige péndant tout l’hiver ; & ces gazons eux-
mêmes en garantirent abfôlument les rochers
& les terreins fur lesquels ils repofent:,
En un mot, cette couche s'accroît fans ceffe
dans les lieux où elle s’ eft une fois formée;
c’ eft la meifieure preuve, & une-, preuve infaillible,
qu’ elle ne fouffre aucune altération
deftrnétive J’aurai occafiôn de parler' à V.
M. des conféquences que l’on peut tirer des
diverfes .épaiffeurs de cette couche, pour découvrir
l’ancienneté des Montagnes; mais il
me fuffira de L u i dire ic i; que lorsque cette
épailfeur eft d’un demi pied feulement, c’ eft
le produit de plufieurs fiècles. Ainfi pendant
qu’elle s’ eft formée, elle a fubi tous les effets
préfumables des météores. Cependant fi nous
fexaminons dans toute fon épaiffeur, rien n’eft
plus régulier que ce qu’ elle nous laiffe apper-
cevoir de la marche de fa formation. Des générations
de plantes qui fe font paifiblement
fuccéde'es, ont accumulé leurs fédimens, & fe
font ainfi fervi d’aliment les unes aux autres',
en continuant à arrêter les dépôts de l’air, &ç
les convertiffant en terre par leur de'compofi-
tion, Or ici les fiècles écoulés, nous enfeignent
infailliblement ce que feront les fiècles futurs,
tant que les, mêmes Loix fubfifteront dans la
Nature. Le teins ne fçra qu’ augmenter l’ épais-
feur de la couche de terre végétable qui couvre
lés Montagnes, & qui les garantit ainfi
de plus en plus de cette 'deftruéfcion à laquelle
on les croit expofées : les pluies en un mo t,
au lieu de les dégrader çomme on fe l’ imagine,
y accumuleront leurs dépôts. Tel eft l’agent
fimple qu’ employe fi admirablement le Créateur
pour la confervation de. fon ouvrage,
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