
C’ eft ce que nous appelions la Fable. D’autres
Philofophes y mettent plus de façon ; il a fallu
plus de combinaifons pour contenter leur
efprit> parce qu’ils connoiffoient plus de Phy-
fique, & que cela colttpliquoit davantage le problème
à leurs yeux. Mais ils n’ont pas moins
' oublie', que lorsqu’on Veut tout expliquer phy*
Jipuement ï on n’eft pas- en droit d’abandonnêr
un montent le langage de la Pbyjtque, dont la
Métaphyfique doit être exclue, par la même rai-
fon que la Théologie, pour ne pas fuppofer
eé qui eft ert queftion. La Phyfique eh un
rno-t, doit tout expliquer par fes principes dis-
tihétifs, ou avouer fa foibleife. Dès qu’on
S’écarte de cette règle, qui cil du ibns commun
, on entre dans le Paÿs des chimères.
Telliamed i comme je viens de le dire , y eft entré
avec un peu moins de façon que d’autres
Philofophes qui l’ont précédé & fuivi : n^is ’ cela
revient aflêz au même: & fa chimère me pa-
roît très propre à montrer combien aifément
on s’écarte de la vérité, & de la bonne logiqûe,
dans l’étude de la Nature , lorsqu’on eft prévenu
de quelque opinion fondamentale, qui elle
même éft une erreur,
Mr. d e M a i l l e t en eft un exemple frappant.
Il avoit bien vu que nous habitons m
fond de Mer ; & s’ il n’eût pas imaginé comme
folution, que la Mer févapore, il auroit peut-
être été fort loin dans l’obfervation. A u ,
lieu que , préocupé de cette hypothèfe, il a
généralifè d’abord toutes les obfervations particulières
qui pouvoient le favorifer.
Mais il falloit au moins donner quelque idée
de la manière dont ii conçevoit que la Mer s'évapore,
Ses Leéteurs tant foit. peu éclairés fa-
voient, que fi l'eau s’élève dans l’air en vapeurs, elle
retombe en pluie & en rofçe.- quel a gravité nç
permet à aucune particule de matière qui a une
fois appartenu à quelque Qlobe, de s’en écarter
au delà de ce que détermine fa pefqnteur
fpêcifiqüe; que fi les vapeurs montent dans
pair, c’eft qu’ elles pèjent moins que lui de
forte qu’ elles font invinciblement arrêtées au
point où leur pefanieur fpécifique eft la même,
ou à peu près la même, que celle de l’air qui
les environne,
Dans l’embarras que lui donnent ces notions
communes, il jette un coup d’oeil vague fur l’Astronomie.
Il apprend que quelques étoiles
avoient disparu, & que d’autres avoient été
découvertes depuis peu de téms > qu’il y a des
variations dans les taches du foleil ; que les
Comètes • paroiffeüt & disparoiiTerit ; qu’on a
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