
l’ opération qu’ on veut nous faire admettre;
imaginons que les terres à fec aujourd’hui ,
font ces Continens anciens fuppafés, & allons
d’abord à la Mer, pour voir comment on y
fabrique les nôtres.
La plupart des Fleuves y arrivent troubles ,
cela eft certain. Cependant à. quelque diltance
de leur embouchure l’ eau eft claire. Le limon
s’eft donc dépofé. Nous nous informons des
habitans* des Lieux voifins, & ils nous difent;
que la Mer fe retire dé leurs côtes. Nous nous
lofions de raflémbler leurs témoignages; presque
tout eft exemple fur ce fait ; comme il doit
l’ être dans les opérations générales de la Nature.
Il n’eft pojnt de Rivière de long cours,
ou qui vienne de ter-reins élevés, qui ne p,orte
des dépôts vifibles à la Mer, & à l’ emhouçhu-
re de laquelle nous ne voyions des terres nom
velles. Nous trouvons la baffe Egypte autour
des bouches du N il, la Crau & la Camargue,
auprès de l’embouchure du Rhône, les Allumions
du Pô dans le Golfe de Venifç, toutes
les terres accumulées par la Meufe <§ç le Rbii\
dans les Pays-Bas: fans chercher même nos
exemples fur les côtes de la .Mer, les Ruis-
feaux nous font .voir les mêmes chofes dans
nos Etangs, & les Rivières dans nos Lacs? en
m mot le fait .eft fûr. Mais quelles en font
les conféquences?
Je veux accorder pour;un moment,, qu’une
conféquence - de ce fait fo it, quç , nos Continens
ont pu fe former par de femblables dépôts
au fond de la . Mer tels qu’ils font aujourd’hui
; & je demande feulement comment oq
les en fortira ? Mais fans attendre de réponfe,
je m’ engage à prouver moi,-même, q,ue dans
toute P Eternité il ne s’en élèvera pas au deiTus
de/l'eau la moindre partie. ■
Ecartons pour, un moment toute autre caufe
que celle d e ce s dépôts: laiffons la Mer calme,
recevant fucceifivement pendant des milliers de
fiècles, les terreins que lui apportent les Fleuves.
Ces terreins tombent au. fond de l?eau,
pour chaque particule terreftre qui fe dé-
p o fe , une particule d’ eau de même, volume
■ s’élève. C’eft en un mot pour l’ effet extérieur,,
exactement comme ii les Fleuves ne
portaient: que, de l’eau à la Mer.: jamais on ne
i: verra une-,feule particule de cette terre arrivée
- avec l’eau, s’élever au deffus de fa furface; feulement
la furface totale s’ e'lève,ra. II. ne. fe
foi;mera donc point de Continent par cette
.opération calme; pas aiême les Plaines les
. plus balfes.