
fuivie eft plus conforme à l’hiftoire de cet objet
dans l’attention des hommes.' Il étpit fi peu
naturel de douter, que ces corps figurés régu-
lième'nt fufient de même nature que les coquilles
auxquelles ils refiemblent, qu’on n’en a
point douté d’abord. On a cherché feulement
à comprendre, comment il étoit poflible qu’ il
s’ cn trouvât fi loin de la Me r , & fi fort au des-
fus de fon niveau : & ce n’ eft qu’après bien des
tentatives inutiles pour parvenir à cette explication,
qu’enfin quelques Philofophes ont cru
pouvoir douter, que la Terre eût -fubi * aucune-
révolution, & que ces corps là fufient marins.
Je ne m’arrête pas à une hypothèfe moins
naturelle', favoir que ces coquilles ont été apportées
de la Mer par les hommes. Ce ne pouvoir
être que l’idée d’un Poète: jamais un Phi-
lofophe ne l’eût conçue.
On a imaginé aufli que les germes des animaux
marins, chariés par les eaux qui fe filtrent
dans la terre, fe font élevés jusques dans les
montagnes,qu'ils y ont éclos & produit des
coquilles. Cela tient à l’opinion de ceux qui
croyent que les fources fe forment par fucciori.
Il y aüroit beaucoup de chofes à répondre, &
au principe & à fa conféquence particulière
pour les coquilles: mais une feule fuffit; c’ efl
qu’on trouve plus de coquilles brifées ou mutilées,
qu’on n’en trouve de parfaites. Cette cir-
çonftançe capitale n’a pas arrêté cependant l’ imagination
d’ un Profefleur en philofophie de Lu-
cerne, nommé Langy, q u i, écrivant fur cette
matière au commencement du fiècle, expliqua
ces fragmens de coquilles foifiles, par des germes
imparfaits, ou mal fécondés dans leur nouvel
élément. Tant étoit grand à fes yeux l’embarras
de fuppofer là de vrayes coquilles.
Mais on s’eft arrêté plus longtems à l’idée
que ces corps figurés , femblables à la vérité à
des coquilles, n’ étoient que des jeux de la Nature;
des pierres qui pouvoient être formées de
cette fa çon -là, aufli bien que de tout autre; ou
comme les Criftaux, qui affeétent auflï des formes
régulières, fans être pour cela des corps
brganifés. O11 a trouvé moins de difficultés à
cette hypothèfe, qu’ à concevoir,que des corps
originaires de la Mer, pufient fe trouver dans
les terres, & à de fi grandes hauteurs ; parce
qu’on étoit peu fatisfait de toutes les hypothè*
fes imaginées pour expliquer le phénomène.
Cependant cette folution, dont fans doute on
ne peut démontrer l’impofllbilité, eft réduite
•pai les phénomènes à un tel degré d’ improba-
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