
L E T T R E XLVI.
F in de l'exam en du fy jiêm e de T e l l i a -
ju e d — * tm puiffance de ttHiJloire N a tu -
rette & de la P h y jiq u e , pour rendre
raifon de ce qui a vie.
K e w , le 30 Mai 1776.
M A D A M E
J u y a beaucoup de désavantage à être con-
féquent dans les fyflémes chimériques; car par
là ils arrivent bientôt à des conféquences qui
détruifent l’ illufion, Je ne veux pas en inférer
que ceux qui s’arrêtent à tems dans le développement
des fyftémes de cette efpèce, le
faffent à deffein de fe faire mieux écouter; je
crois plutôt qu’ ils n’ ont pas été afi&s loin eux«
mêmes, & que c’ eft là une des caufes 4e leur
erreur. Chez Telliamed, l’erreur provient d’ une
autre fource. Il voit bien tout ce que fon
fyftême devoit entraîner après lui ; il aequiesçe
à tout, & veut tout prouver par des exemples
: mais crédule au plus haut degré, il croit
tout ce qui peut flatter fon illufion. Il lui
faut des htnimer pour peupler la Terre; il les
voit naître dans la Mer fans difficulté ; & il
trouve des faits & des autorités, partout où
d’autres n’auroient vu que des fables.
Pour multiplier fes moyens, & trouver plus
de reïïemblance entre les animaux marins &
| les hommes, il fuppofe plufieurs efpèces de
I ceux«* ci- Toutes les différences nationales,
deviennent pour lui des différences d’ efpèce.
Les noirs, les blancs & toutes les nuances intermédiaires,
ont différentes origines félon lui;
les• différences de grandeur dans la taille, ou
de configuration des traits, les difformités
particulières, font des efpèces à fes yeux :
& il eft fi convaincu qu’il doit y avoir différentes
origines de l’Homme, qu’ il admet toutes
les fables poffibles fur ce fujet. Je ne la
fuivrai pas dans fes détails; quelques traits
fuffiront pour faire connoîtrc jusqu’où va fa
crédulité- Crédulité au refte qui lui efi: com«.
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