
„ te ce pairage de' l’eau à l’air fi vous paiTiez
„ aux régions où cette transmigration fe fait,
„ c’ eft, à- dire dans les P a y i les plus froids &
„ les plus voifins des Pôles, où je vous ai dit
„ que ce paffage d’un élément à l’autre devoit
,, avoir lieu plus fréquemment. Encore fau-
,, d r o i t - i l , ” . ( i l Prend ici une précaution
qui n’eft pas mal adroite) „ Encore faudrait-il
„ que vous y fuiïïez caché long - tems : car
,, vous concevez que les animaux for tans de
„ l a Mer font d’abord ii fauvages, que tout
„ ce qu’ ils voyent ou entendent d’extraordinai-
„ re les effraye, les fait fuir & retourner dans
,, leur abîmes” Il avoit peut-être oublié que
les Chilinois, qui' font bien loin des Pôles,, iJU-
rent d’ un lac : & il femble oublier encore plus
fa reffource, lorsqu’il dit enfuite ( a ) , que du
races de noirs en Afrique* qu'on n’entend pas encç«
fe , font peut—etre fortis depuis peu de la Mer.
Mais il fe ménage une réponfe plus générale.
„ De combien de monftres, ditril (6), trouvés
„ dans vos Pays les Hiftoires ne font-elles pas
„ mention? De combien n’entend - on pas en*
„ core parler tous les jours? Ces monftres.'.. . .
„ ne font - ils pas peut-être des animaux éçbapfy)
Ibid. pag, 2r i . (b) Ibid. pag. 353,
’ pés de la Mer, ou portés par les flots jusque*
„ dans les terresl. . «.. Qu’il nous fuffife d’être
„ témoins de la rufticité & de la ftupidité de
L| ceux qui peut-être en font fortis depuis peu
L de tems, & qui font à portée de nos yeux.
L Quelle barbarie ne règne pas encore parmi
„ les races humaines qui habitent le Groënland
„ & le Spitzberg.. . . On ne réfléchit point affez
„ ni fur les faits extraordinaires , ni fur l’état
,, de ces Peuples barbares, ni fur celui de cent
„ autres que nous avons trouvés depuis peu
„ dans des terres nouvelles. Il fe trouve mê-
„ me des gens fi prévenus de cette opinion que
„ tous les hommes defeendent d’un feul. . . . ”
Après avoir ainfi développé fon fyftême, en Phi-
lofophe indépendant, il en vient (comme c’ eft
encore l’ ordinaire) à faire quadrer ce fyftême
avec le récit de M o y fe .,, Car obfervez s’il vous
ép ia i t , di t - i l au Millionnaire (a ) , que vos
„ Livres font d’accord avec moi fur la forma-
„ tion du Globe & de tout ce qu’ il renferme
„ d ’animé.” Cela veut dire, (aufîi comme
à l’ordinaire)©’ tant pis pour eux s’ils ne te font
pus; car je fuis bien fû r de ce que je dis. Ces
ehangemens d’état des Globes, ces pacages
{a) Tom. II, pag. 87®.