
p e tit, & qui fe fait en grand, & en très grand
dans les Montagnes. Entre ceux de ces cônes
déjà habités que j’ai remarqués dans nies voyages
, il en eft un que bien des gens ont eu oC-
cafion de voir, puis qu’ il fe trouve fur le pa&-
fage de tous les Voyageurs qui prennent la
route du Mont-Cenis pour, aller en Italie. Il
eft fltué fur la rive droite de PArc (^Rivière
principale de la Maurienne en Savoie') dans l'a
Vallée qui s’ étend d’Aigue-belle à S*. Jean âe
Maurienne.
Ce Talus a près d’une lieue de tour à fa
bafe, & s’élève fort-haut contre les Rochers
d’ où il eft parti. Au deilhs de lui fe montre
à découvert le lieu où fe trouvoient auparavant
les matériaux qui le forment : le haut de
la Montagne en cet endroit, eft creufé fous la
forme d’un demi entonnoir ; c’eft-Ù-dire qu’il eft
en creux, ce qu’ eft le cône en relief; & il y a
même ceci de particulier, qu’on rencontre rarement,
e’ eft que le bas de ce que j’appelle
Ventonnoir aboutit aujourd’hui exactement au
fommet du cône. C’étoit probablement, dans
les fièçles reculés, une cascade bien plus haute
que le Staubach de Luterbrun, & qui charioit
bien plus de pierres. De forte que peu à peu
tentonnoir en fe creufant, & le cône en s’ élovant,
ont fait chacun la moitié du chemin pour
fe rencontrer; & lorsqu’ ils ont e'té réunis, la
pente de l’un & de l’autre s’eft trouvée fi douc
e , que les eaux ont perdu leur force deftruc-
trice. La végétation S’eft donc emparée du
tout : Pentonnoir eft couvert de bois dans toute
fon étendue ; & le cône eft par tout cultivé ; un
pied de terre végétable, ou plutôt de terreau,
le recouvre. Je diftinguerai toujours dans la
fuite ces deux fortes de terres ; en confidérant
le terreau comme un couche formée de fable,
de gravier, ou dé pierres broyées par la culture,
mêlée de ce que j’appelle la terre végé*
table, c’ e ft-à-d ire du produit immédiat de
l’air & de la végétation, tel que les rochers
nuds ou les fables arides le réçoivent peu à
peu fans aucune culture.
Mais fur le cône dont je parle le fol eft très
cultivé. Les hommes même n’ont pas attendu
que la Nature y fît tout elle feule. Quand le
Talus tendit à une végétation générale , & qu’il
promit ainfi aux hommes de leur rendre le
fruit de leur travail, il e'toit fûrement très raboteux:
de grofles pierres avoient roulé avec
le menu moellon, & s’oppofoient à toute culture.
Les hommes, infatigables pour le travail
qui les fait vivre, infpirés, non par un ia*