
& fa Fable de VHomme ne paraît pas mériter
qu’ on s’y arrête. Mais j’ai deftiné ce fyftême,
par fon fingulier mélange, à montrer à V. M.
le pouvoir étonnant d’une hypothèfe favorite,
pour détourner peu à peu les hommes de la vérité,^'
Scieur faire recevoir enfin ‘dés erreurs, doiht
ils s’ étonneraient enX-mêrrfeS fi l’on dè'tniifoic
tout à coup le charme qui les enveloppe.
On fe trompe fouvent, quand on imagine,
qu’ on peut négliger certaines- conféquenccs des
fyftêmes hardis, comme des acceiïoires indifférons
à l’hypothèfe ; & quelquefois même les inventeurs
cherchent à esquiver les difficultés, en pro-
duifant cette illufion. Telliamed fe fait beaucoup
preffer par le Miflionnaire, pour lui dire
fon opinion fur l’origine de l’Homme. „ Je
, , viens prendre congé de vous „ (lui dit-il au
début de la fixième Journée ) ,, & quoique le
„ tems me permît ehcoi-e de vous comrauni-
„ quer, comme je vous le promis hier, ce que je
„ penfe fur l’ origine des hommes & des ani-
„ maux, je crois que fur ce point voiis me'dis-
„ periferez volontiers de tenir ma parole. Il
„ fe ra itd ’ailleurs inutilede m’étehdfe aVec vcftfs
„ fur un fiijétv qui 'éft iridi^féférit 'aufyflêiriê'âe
n ta dMihution & tu Mer, & fiir lequel 11 'VOUS
0 eft défendu de croire autre chdfe que Ce que
tETTilE XLllt t>B t A t - È É. R É .
„ VOS L o ix enfeignent' » Puis lé Millionnaire
accorde que cela eft indifférent, mais il infifte,
par le plaifir qu’ il aura, d i t - i l , à ¡’écouter
fur des objets qu’il ne pourrait apprendre de tout
autre : il promet aulïï de ne point fe fcandalifer t
& Telliamed entre en matière;
Mr. . de Maillet, vouloir ainfi fe faire
écouter fur fon fyftême cosmologique, en voilant
ce qui aurait dégoûté un grand nombre de
fes leóteurs. Mais il fentoitbien qu’ il ne falloit
pas fe . taire fur fïiomriie; car fi nous voyons
que Jes Continens font fortis de la Mer, nous
voyons aulfi qu’i-ls font habités. Il faut donc
méceffàirepient, • dès qu’on veut tout expliquer
par la Phyfiquç , tracer l’origine dp. Ce qui ¡t
vie ; faire gemmer le festiment, Vintelligence, ainfi
,que les plantes & les arbres. Mais alors on né
peut guère arrêter les progrès de la vivifkationi
Car dès qu’on a conçu une caufe Phyfique qui
à pu faire palier la matière à l’organifation Sè
au fentimer.tj il faut bien s’attendra à quelque
génération fpontanée, à de nouvelles cfpèces de’
plantes & d’ animaux propres à fe perpétuer ¿
formées dans ces heureux iftomens> ou toutes
íes Circonfrances concourent. C’eft ainfi qué
penfe Telliamed’, & à cet égard il agit fort fod*
dement. Il cite tout uniment fes autorités i
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