
tions que j’y ai faites fur la Nature & fur
l’Homme, tout le plaifir qu’elles m’ont donné
fe réveille, & j’ai autant de peine à cefler de
décrire, que j’en avoik à cefler d’obferver. Jamais
je ne les quittai* qn’avec le defir de les
revoir encore. Il y a beaucoup à étudier, dès
qu’une fois on s’eit apperçü que c’en: l'un des
plus beaux Livres du monde; l’ un de ceux où
nous apprenons le mieux à connoître notre nature,
& les defleins de Dieu dans l’Univers.
Nous y voyons l’Homme en quelque forte
abandonné aux- lumières individuelles & aux
mouvemens naturels du coeur: connoiiTaace
qui nous aide beaucoup à Je retrouver bon,
même dans la grande Société: & en même
tems nous pouvons y étudier la marche de la
végétation ; première fource de fa vie Phyfique,
& de celle de la plupart des êtres fenfibles
qui habitent la Terre avec lui*
Je ne me flatte donc pas d’avoir lu dans ce
Livre à proportion de fa grandeur; ni même
d’avoir pu décrire à V. M. ce que j’y ai v u ,
comme je l’ai vu ni comme je le fens. Cependant
j’efpère que mon ébauche eft fuffifante pouf
établir quelques propofitions importantes dans la
Théorie de la Terre; favoir: que les Montagnes
actuelles ne feront point détruites; que nos
Çon-
«
Continent fe perfectionnent, bien loin de fis
détruire: que tout y tend à la même Fini
celle de produire un plus grand nombre d’E -
tres vivans: que la Nature, c’ eft-à-dire, (Comme
V. M. l’a toujours bien entendu quand j’aî
employé cette expreflion, ) que les loix établies
dans le Monde Phyfique par le Créateur,’
tendent à faire feule cet ouvrage : que cependant
les horhmesi conduits par l’ intelligence
qu’ils ont reçue de la même fource, confpirént
au même but: qu’un jour viendra, où notre
Globe aura atteint fa perfection, & PEftèce bu-
inaine fa plus grande étendue poifible; j'ofe même
ajouter ic i, fa plus grande perfection, dans
cet, état paifager.
Si nous avions quelque moyen dé reflerrér
j le tems, comme nous reiierrons les objets au
moyen de certains verres, & que nous viflionS
ainfi couler rapidement les fiècles devant nous ;
la population de la Terre nous paroitroit à
bien des égards femblable à une inondation,’
procédant d’ün grand volume d’eau qui fe dé-
gorgeroit de toute part des Montagnes. Je
Vais fuivre un moment cette compaiaifon/
Les premiers courants qui arrivent à' la Plaine,’
ne font d’ abord que fe répandre par les p’re-
T çm I L IV- Fartié. I