
Venons maintenant à la Terre,qui a de l’eau à fa
furface, qui tourne auffi fur un axe, .& dont le plus
grand mouvement eft fous fon Equateur. En par-
. lant de ce Globe on appelle force centripète ou pe-
fanteur, ce qui n’étoit que cobéfton dans notre petite
boule. Les corps tombep fur la Terre en fe dirigeant
vers fon mure; c’eft là l’efpècc de force par
laquelle’ ils y reftent attachés. On appelle par
la raifon contraire force centrifuge, la tendance
qu’ ilsacq nièrent à s'échapper, à proportion de
la vîteffe avec laquelle ils tournent: tendance
qui diminue l’effet de la pefanteur.
Les parties folides de la Terre ne cèdent
pas à la force centrifuge: c’eft du moins ce
que fuppofe le fyfiéme, qui fans cela n’auroit
aucun fondement. Mais, tous les corps mobiles,
pu en mouvement, lui obéiffent. La
vîteffe de la chûte des corps en- reçoit une diminution
fenfible fous l’Equateur,- c’eft ce que
la marche des Pendules nous démontre : mais
ce qui nous intéreffe direétcment ic i, c’eft que
les eaux de l’Océan y pèfent moins que dans
tout le refte du Globe.. Tandis qu’au contraire,
le mouvement de rotation étant nul fous
lés Potes, & par conféquent lu pefanteur n’y
éprouvant aucune oppofition, les eaux 4e l’o céan
y pèfent plus que dans toutes les autres
parties du Globe. Voici-donc encore unecaufe
dè tumeur, & de tumeur permanente, dans les
gaux de la Mer: elles font plus élevées fous
l’Equateur que dans tout le refte de la furface
de la Terre ; & au. contraire elles font plus
abaiffées aux Pôles.
N e w t o n , q ui, par la force de fon génie,
auquel;le. calcul ne fervoit que dTaide, fit le premier
des pas fûrs dans la Phyiique générale,
détermina tous les effets de ces caufes avant
que l’expérience , eût pu les faire connoître. Il
calcula d’après fes principes, quelle devroit être
la différence de hauteur de deux colonnes d’eau,
qui partant du centre de la Terre, aboutiraient à
fa furface, l’ une à un Pôle & l’ autre fous Y Equateur,
& il trouva, que pour que ces deux colonnes
fuffent en équilibre, fi celle du Pôle avoit
229 parties de hauteur, celle de l’Equateur
devroit en avoir 230. Il démontra auffi,.que
ces deux colonnes nous donnoient les éle'mens
de la figure d’un globe fluide tournant comme
la Terre; & que ü les matières du globe ter-
reftre ¿voient pu céder une fols aux effets, naturels
des forces centripète & centrifuge telles
qu’ il les concevoit, il devoit avoir la figure
d’une orange; c’eft-à-dire être applati par fes
Poks, en telle manière, que fon diamètre pris
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