
retraite confiante fur certaines côtes. Et voici
M o r o , qui a befoin de trouver au contraire
que le niveau de la Mer s’ élève, & qui fe fonde
fur autant de faits, & même fur des faits plus
cmharraiians. Pour éviter plus de longuéur, je
ne les répéterai pas à V. M. ; il Euffit d evoir
par-là; d’ un cô té, que les faits cités en faveur
d’un hauffement ou d’un abaiifement général
du niveau de la Mer, fe détruifent mutuellement;
& de l’autre, que le fyltéme que j’ examine
, conduit à admettre un réhauffement du niveau
de la Me r , plutôt qu’un abaiflcment.
C’ell de cette dernière confe'quence, que je vais
partir.
Rappelions-nous que la totaîitê de nos Con-
tinens a vifiblement été fous les eaux de la Mer.
Si donc la Mer n’ a pu changer de niveau par
leur fortie, ce qui efl la confe'quence la plus
favorable au fyftême, il faut quecesContinens,
dans leur totalité, fe foyent élevés, du fond de
la Mer, dont ils faifoient partie, à la hauteur
où ils font aujourd’hui. C’eft allez dire
que ce n’eft pas ainfi qu’ ils fe font formés.
Car en vain fe roit-on détacher du fond de la
Mer, ou tout à la fois, ou par parties, des pièces
continues fi imtnenfes : la caufe du foulèvement
ayant ceifé, l’effet aurait celfé de même, fans
que rien eût pu le continuer; &nous n’ aurions
point de Continent. La Mer peut avoir eu ,
& avoir encore, des cavités auffi grandes que
celles que ce fyftême fuppofe fous nos Conti-
nens ; telles par exemple que celles qu’avoit imaginées
L e i r n i t z ; je veux dire originelles!.
Mais que nos Continens, après avoir été foule-
vés par la rupture de la croûte de la Terre,
foyent actuellement fuspendus ; c’ eft ce que la
méchanique rejette abfolument.
M o r o avoit fans doute apperçu cette im-
poflibilité; & p a r cette raifon il avoit imaginé
çe qui, dans fon fyftême, choque le plus aujourd’hui
l’Hiftoire naturelle; parce, que la fur-
face de la Terre eft mieux connue. Il foule-,
voit d’ abord, autravers de la Mer, beaucoup
de Montagnes ifolées de toute espèce; opération
dont l’ impoflibilité, quoiqu’auifi démontrée,
eft moins frappante; & il formait enfuite
les Plaines dans leurs intervalles, en y comblant
la Mer, par toute forte de matières for-
ties de ces Montagnes. Mais les Plaines ne
font point faites de matières volcaniques; &
la plupart font formées de couches marines,
tout comme les Montagnes fecondaires. Ainfi
il n’ expliquoit rien.
Il eft donc évident , d’après une Théorie qui
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