
laiffant fucceffivement de bouveaux Continens
à découvert, fans que la forme de ces Conti-
îiens nous retraçât leur origine. Quoique v ivant
fur les bords du N i l, & puifant fon fy-
ftême daris'fes limons, . il n’a point attribué
aux fleuves le -pouvoir de changer ta Terre en
Mer & la Mer en Terre. Il a fenti en un
m o t, qu’après que la Mer a eu fabriqué nos
Continens fous fes eaux, il falfoit que quelque
caufé particulière les découvrît ; & le
moyen qu’ il a imaginé eft très diredt.
Quoique tombé dans de grandes erreurs ihr
la nature de quelques Montagnes, dont il a
parlé d'un ton très décidé, fans les connOitre;
il favoit du moins qu’il s’en trouvoit un grand
nombre qui ne renfermoient aucun corps marins
ni terrejîres ; & à ne confidérer que ce ibul caractère
des Montagnes de cette claife, fonTÿ-
ftême en donne l’ explication.
Enfin il a refuté très bien quelques fyftêmes,
furtout ceux qui attribuent à d’autres Caufes
qu’à la Mer même, les corps foJJÏÎes qui res-
femblent aux corps marins naturels; & il combat
avec iliccès de mauvaifes explications du
Vèluge.
Mais lorsqu’ il vient enfuite â imaginer Comment
f i au a abandonné la Terre > & que pour
jpi*
découvrir nos Montagnes il a recours à IV-
vaporaijon ; il tombe dans les délires leS plus
étranges. D’ un côté il s’ accroche à tout, de
l ’autre il n’ eft arrêté par rien; toute autorité .
lui eft honne 5 toute confe'quence nécessaire
de fyftême quelque abfiirde qu’elle fo it,
eft admife comme ayant foit fondement dans
le principe, qu’il regarde comme une première
vérité.. I l faut bien que cela foit, puisque
nos terreins êt oient autrefois couverts de la Mer »
& qu’à prefent ils ne le font plus. . . , il faut
bien que cela foit puisque la Mer diminue, . . .
Voilà fes argumens favoris. Il n’étoit point
accoutumé à fentir, qu’avant d’employer le
premier il faut être allure qu’on a completté
rémunération des caufes poflibles ; & que pour
le fécond il faüt avoir bien examiné s’ il n’y a
I point d’objeètion fur les faits. Mais il était
fi fortement pénétré de fon fÿftême, qu’il m'a-
voit plus le moindre doute. Ecrivant en 1726
à M«1. Fontenelle il lui difoit: „ le premier ob-
„ jet de mon ouVrage n’eft pas nouveau—
g, Divers Auteurs ont médité fur la compofl-
g, tion de notre Globe.. . . Mais je penfe que
„ je fuis ie premier qui en aît trouvé la véri-
3)i table raifon, & qui l’ai démontrée de ma-
Tome IL y. Partie. S