
le froid trop aigu, les pentes trop rapides.
Elles furent néceffaires autrefois telles qu'elles
font : l’air s’ y ttouvoit alors tempéré, & leurs
pentes étùicnt douces ; e’ eft de que j’ aurai
l’honneur d’expliquer à V. M. Aujourd’hui il
faut que la plupart des fomméts s’abaifl’en t, &
que les pentes s’ adouciffent, pour que nous
puiflions en jouir. Entreprendrions nous ce
travail ?
L ’Homme , dont j’admire les efforts , n’a
pourtant qu’ un certain degré de force & de
courage; & il eft bien loin de pouvoir faire
tout par lui - même. Mais la Providence a
pourvu à ce qui lui mànqiie ; ici les Torrens
travaillent pour lui. Ils n’attaquent pas di-
reitement les fommets des Montagnes, mais
ils les minent.' 11 ne peut descendre de ces
fommets que de petits ruiffeaux momentanés,
qui contribuent feulement à décompofcr la pierr
e , & à la faire gercer, conjointement avec le
foleil & la gelée. Majs lorsque ces Ruiffeaux
Se raflemblent, ils heurtent & creufent le pied
des rochers ; les parties crevaflées fe détachent
& tombent ou roulent dans leurs lits, & ils pous-
fent vers le bas ce qui s’oppofe à leur paffage.
En fe réunifiant à mefure qu’ ils gagnent le bas
des Montagnes, ils deviennent de plus en plus
ter-s
terribles; c’ e ft-à -d ire plus forts pouf achever
leur ouvrage, qui devient plus pénible, par la
quantité de matériaux qu’ ils ont à pouffer de-*
vânt eux: & enfin après avoir travaillé à adoucir
les pentes, à combler les creux, à frayer
leur route dans des Canaux détermihés, ils arrivent
au dépôt général où s’amaffe l’éxcédent
du moëllon qu’ ils ont charié dans leur courfe.
i C’eft là qu’ ils entrent dans l ’ empire des hommes
réunis eiî plus grandes fociétés: ils y font
arrivés avec des fardeaux à l’égard desquels
toute la puiffance humaine n’eft iien: mais ils
Commencent à perdre leur fbree, parCe qu’ elle
procédoit de là pente. L ’Homme alors tenté
de les dépouiller & de les dompter, & rien
n’eft plus intëreffant que de voir comment il
| s’évertue pour hâter le moment de fa jouis-
ftmee.
Ces Vorrens, qui comblent les Vallées trop
profondes, pu qui préparent ces talus propres
à une variété de productions, ne peuvent paS
être d’abord contenus ; tant qu’ils Charient deS
matériaux avec abondance, ils demeurent inabordables;
à chaque inondation ils recouvrent:,
le Tdlus qu’ils ont fermé ; on le fait èc on hé leé
attàque pàs. Mais S’ ils ont déjà fait la pluj
grande partie de leur ouvrage ;• fi les Raohe?|
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