
„ parceque le Philofophe doit conformer fon
„ entendement aux L o ix de la Nature, & ne
„ p a s prefcrire à c e lle -c i les L o ix inventées
„ par fon entendement; & pour le dire en un
„ mot ; le Philofophe doit être l’ écolier, &
„ non le maître de la Nature. Nous n’en
„ avons pas befoin : parceque la Nature ayant
„ mis tant de fois fous nos yeux des exem-*
„ pies de pierres fondues, qui ont couru jusr'iilvV
t" ' ' 'l
„ ques dans la Mer en forme de fleuves dans
„ les éruptions du Véfuve, de l’Etna, de
„ Stromboli, à? I f chia, & d’autres Montagnes
enflammées, cela feul fuffit pour nous faire
„ comprendre, comment les coquillages peu-
„ vent être enfévelis dans les pierres. Car à
mefure que ces pierres fondues arrivent dans
„ la Mer, les coquillages qui exiftent dans ces
„ endroits-rlà, ne peuvent pas éviter d’y être
„ pris. Et fi après un efpace de tems plus ou
„ moins long, d’autres fleuves de matières fem-
„ blables viennent par deiïus, ou à côté des
„ précédentes , devenues déjà l’habitation d’au-«
„ très coquillages , ils fe trouvent néceflaire-
„ ment reflerrés entre pierre & pierre. Que
fi l’on trouve des coquillages, non feulement
„ entre les couches, mais encore dans la fub-
¥ fiance même de la couche, je penfe qu’ils s’y
„ font ainfi renfermés, quand la matière pier-
„ reufe, bouillant au fond de la mer & foule-
„ vée par le feu, vint à rompre la fuperficie
„ du fond : alors les coquillages qui y vivoient,
, , tombèrent & relièrent enfévelis dans la ma-
„ tière bouillante de quelque efpèce qu’elle
„ fût. Cette matière endurcie & foulevée, nous
v donne enfia^ce~mitacle de la Nature ; que
„ des corps marins fe trouvent renfermés dans
„ le fein des; rochers qui forment les Mon-
„ tagnes,
„ Il paroit plus difficile d’ expliquer com-
„ ment les poifions qui nagent, dont les mou-
„ vemens font fi prompts, peuvent être en-
„ veloppés dans les pierres ; puisqu’il femble
„ que leur agilité devroit leur fauver des at-
,, teintes mortelles de la matière pierreufe &
sf ardente : c’ eft fans doute la raifon pour la-
„ quelle on les y trouve plus rarement. Mais
„ cette circonftance même s’expliquera en-
„ core clairement, fi, félon notre manière or-
„ dinaire, nous prenons les chofes & les faits
„ connus, dans leur véritable efprit, pour en
» conclure ce qui n’eft pas encore pleinement
,, manifefté. Dans une lettre écrite à Mr.
ij Vallisnieri, Mr. Rotario lui marque ; que
h l’on trouve plufieurs de ces poifions dans