
ta i-je en regardant ailleurs.... Et pourquoi
mieux celle-là? Pour quoi toutes les Montagnes devraient
- elles être le produit des eaux, feulement
parce qu’il y en à quelques - unes qui anhoriôent
cette origine? Eñ effet, puis qu’ on n’ a fongé
aux eaux, comme caufe deS Montagnes, que par
les preuves évidentes que quelques-unes of-
froient de cette formation; pourquoi étendre
cette conféquence à toutes, s’ il y en a beaucoup
qui manquent de ces caractères? C’eft,
comme le dit M r . d’à l e m e e r t , qifon gé-
réralífe fes premières femarques, l’ inftant d’après
qu’on ne remarquoit riea
Quand nous fumes une fois peffuadés que la
Mer n’ avoit pas fait toutes les Montagnes,
nous entreprîmes' de découvrir les caractères
diftiiiétifs de celles qui lui devoient leur origine;
&; s’il 'étoit*, par exemple, des matières
qui leur fuffent propres. Mais nous y trouvâmes
les mêmes difficultés qu’on rencontre
dans tout ce qu’on veut claffér dans la Nature.
On peut bien diftinguer entr’ elles les chofes qui'
o n t fortement l’empreinte de leur claffe; mais
les confins échappent toujours.
C’eft là , pour le dire en paffant, Ce qui- a
pu conduire quelques Philofophes à imaginer
cette chaîne des Etres, où ils fuppofent, que,
de
de-la pierre à l’Homme & plus haut, les nuances
font réellement imperceptibles. Comme fi,
quoique les limites foyent cachées à nos fens,
notre intelligence ne nous difoit pas, qu’ il y
a un faut, une diftance même infinie, entre le
plus petit degré d’organifation propageante, &
la matière unie par la fimple cohéfion: entre
le plus petit degré de fenjibilité, & la matière
infenfible: entre la plus petite capacité d’ob-
ferver & de transmettre fes obfcrvations, &
l’inftinCt conftamment le même dans l’efpècei
Toutes ces différences tranchées exiftent dans
la Nature; mais notre incapacité de rien con-
noître à.fond, & la nécelïité où nous fommes
de juger de tout fur des apparences, nous fait
perdre presque toutes les limites, parce que,
fur ces bords, la plupart des phénomènes font
équivoques* Ainfi la plante nous paroît fe
rapprocher de la pierre, mais n’ en approche
jamais réellement.
Gn éprouve, la même difficulté à Glaffer les
Montagnes; & quoique depuis quelque-tems
plufieurs Naturaliftes -ayant aufli obfervé qu’elles
n’ ont pas toutes la même origine, je ne
vois pas qu’on foit parvenu à fixer des caractères
infaillibles, pour les placer fùrement toutes
dans leurs claffes particulières.
Tome II. V. Partie. O