
donc au moins valoit la peine d’être éclairci.
Je connoiffois Sejîri de Levant, parce que j’ avois
demeuré quelque tems à Gènes; ainfi dès que le
Livre de Mr. d e M a i l l e t fut tombé entre
mes mains & que j’ eus lu ce récit, jécrivis
à un de mes amis de Gènes pour le prier de
prendre les informations les plus exaétes. Je
reçus de lui une prémière, lettre à ce fujet le, 13
Mars 1756. où il me difoit. „ J’ai parlé de
1 votre anecdote à plufieurs perfonnes de Ses-
, , tr i, d’ un âge bien avancé, qui toutes m’ont
afluré n’ avoir v u , ni entendu parler de rien
„ de femblable. Je ne m’en fuis pas tenu
„ là, j’ai chargé un de mes correfpondans à
, Seftri de prendre là delïus les plus juftes in-
„ formations qu’ il pourra fe faire, & je vous
„ communiquerai d’ abord fa féponfe. Mais je
crois fort qu’ elle fera conforme à ce que m’en
„ ont déjà dit les gens du même pays- ”
Le prémier Mai fuivant il me rendit compte
de fes informations, qu’ il avoit prifes en effet
avec tout le foin poffible: Les réponfes, me
-, dit - i l , font venues de Seftri & des environs,
„m a is on n’ a point trouvé qu’ il y "ait jamais
„ eu d’homme marin, ni aucune autre chofc
„ femblable, comme me l’avôient déjà dit ces
„ gens de Seftri à qui j’avois parlé ici. ” Il
ajouàjoütoit
encore le 15. Août: „ Mes recherches
w ont été vaines au fujet de l’homme, marin
, dont parle Telliamed ; tous ceux à qui j’en-
■ ai parlé l’ont traité de badinage.”
Pour moi je fié fattrois traiter de badinage
des frétions comme ce lle s -là , dans des dis*
cuifions phyfiques & théologiques ; & je crois
qu’il eft néceflàire d’ éclairer de tems en tems
les routes des faifeursde contes férieux. Mr.
d e M a 1 l t e t s’ en rapporta - il à un Conteur,
qui lui dit que l'homme marin avoit été yu de
tout le peuple de la Ville? C’eft ce que je
crois le plus volontiers ; parce que le conteur
ne vouloit que rire; au lieu que Mr. d e
Ma i l l é t vouloit établir un fyftême phyiique,
auquel la Théologie eft intéreffée.
Ce n’ eft pas cependant que la Phyflque, dans
laquelle il femble d’ abord fi peu naturel qu’oii
prenne des partis affez chauds pour oublier
toute moralité, ne fournifle des exemples de
pareilles rufes. L’efprit de parti s’étend à
tout, & il eft partout le même ; en phyflque,
tout comme en théologie & en politique; & fi
le Peuple pouvoit s’ animer fur les queftions de,
phyflque, comme fur ces dernières, je ne doute
pas que lu i, qui fouffre toujours de la periècu**
Mon quoiqu’ il en foit l’ inftrument, ne fût eniù
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