
gazonade s’étend aufli fur toutes les parties des
pentes qui ne font pas trop rapides ,* & le
refte eft couvert de Bois,
J’ai parcouru fort fouvent le pied de ces
Montagnes ; leur état eft presque partout tel
que j e viens d’avoir ^’honneur de le décrire à
V .M . J’ai fur-tout obfervé avec attention les
lits des Torrens qui en descendent pour fe rendre
dans les Lacs de Genève, de-Neuf chat el &
de Bienne, ainfi que dans PAar & dans le
Rhin". & hormis ceux de ces Torrens qui viennent
des gorges où les terreins font encore efcarpés,
ils ne roulent plus que l’ancien gravier qu’ ils
ont apporté autrefois.
Mais il n’ en eft pas ainfi des Alpes, des Pi~
renées, & des autres Montagnes, qui comme
ce lle s - là , font beaucoup plus élevées, ou qui
fans l'être davantage, ont été livrées aux influences
de l’air dans un défordre plus grand.
Dans ce genre de Montagnes il refte encore à
la végétation de bien grandes conquêtes à faire.
Ces Montagnes ne font pas telles que V. M.
pourroit fe les figurer naturellement ; il faut
y être monté pour s’en former une jufte idée.
Ce font des/Montagnes fur d’autres Montagnes.
De près on ne voit que les parties inférieures;
de loin tout fe confond ; il faut donc être ar-
L b t t r e XXXIL d e l a T E R R E. 9$
rivé fur une des premières terrajfes pour voir
'les fécondés; fur c e lle s -c i pour voir les troisièmes;
& ainfi de fuite.
La plupart de ces terrajfes fucceiflves font
de grandes plaines, dominées par des rochers
qui s’éboulent & forment des Talus» Si dans
la fucceflion des fièclés, les éboulemens de ces
bandes de rochers en Ampithéatre finiiToient
fans emporter les plaines qu’ ils foutiennent, &
que les Torrens eulïent creufé leur lit pendant
ce tems là à quelque diftance des Talus, tout
feroit fini par cette première ôpération. Mais
il y a peu de hautes Montagnes où les arran-
gemens foient fi flmples: fouvent ces bandes
empiètent les unes fur les autres en s’éboulant,
& alors le repos eft bien différé.
Suppofons que ces terrajfes foient étroites, &
que leurs murs, c’ eft-à-dire les rochers qui les
foutiennent, foient fort élevés. Les terrajfes alors
ne fuffiront pas pour recevoir les éboulemens qui
doivent fe faire fur elles; car,1e deffus de chacune
d’elles s’étrécit de plus en plus par la deftruâion
du rocher qui la foutient. Il pourra donc arriver
que ce Talûs, s’ étant étendu jusqu’ au bord de
la terrajfe fe trouve repofer fur une bafe qui
s’ éboule encore; & même cela arrive très fouvent
; deforte qu’ à chaque rétrdciflement de la