
pouvoit changer fuccelïivement de place; c’ eft-
à-dire que ces points qui ne tournent pas,
mais fur lesquels tout le refte tourne, & où
par conféquent l’applatiffement des Mers eft
le plus grand, peuvent changer peu à peu.
D ’où il fuivroit, que l5Equateur, ce cercle qui
marque les lieux de la Terre où, par l'effet de
la force centrifuge la Mer doit être le plus
e'ieve'e, changeroit auffi de place, & fe pro*
meneroit fur la Terre. Qu’ ainfi l’eau de la
M e r , s’abaiffant peu à peu fous l’ancien Equateur,
& s’élevant au contraire dans les lieux
où fuccelïivement il pafferoit ; d’anciens Con-
tinens pourraient avoir été lentement recouverts
par cette tumeur de la Mer, tandis qu’il
s'en feroit découvert d’autres. Moyennant quoi
nous pourrions avoir maintenant des Monta-»
gnes, & en ge'ne'ral des terreins, qui àuroient
été fous les eaux de la Mer , & qui par conr
féquent conferveroient toutes les marques de
cet état précédent, commp nous les trouvons
aux nôtres.
Le premier pas à faire dans l’examen de ce
fyftême, eft dé favoir s’ il eft pojjible. Et certainement
, fuivant la définition que j’ai eu
l'honneur de donner à V. M. de ce que j’entens
ici par pojjible, il me femble qu’ on ne
Îâuroit lui refufer de l’être. Je fie connois rien
au moins qui puiffe empêcher de concevoir hypothétiquement,
que -le mouvement de rotation
de la Terre s’eft fait & continue à fe faire fue-
celïivement dans un fens différent ; tellement
par exemple, que l’Angleterre, ou en genéial
tout autre Pays du Monde, pût avec J e tems
devenir l’un des PoleSè
L ’ effet qui en réfulteroit 'pour élever des
Montagnes audeffus du Niveau de la M e r , ou
ce qui revient au même pour abaifler la Mer
devant elles, eft auffi très fuffifant pour expliquer
cette partie des phénomènes qui confifte
en ce que nous avons aujourd’ hui- de hautes
Montagnes , dônt la conftruétion annonce qu elles
n’ ont pu être formées que dans la Mer. I Je
vais tâcher d’expliquer cet effet à V. M. au
travers de l’ incertitude que nous; laiffent les
obfervations.. fur la figure réelle de la Terre,
Cette incertitude elle-même eft. très- utile a
connoître, après 'tant de tems employé & tant
de dépenfes faites en diverfes tentatives; fur-
tout après que de fi grands hommes ont travaillé
à, réfoudre, cette queftion. Je ne connois
pas même d’objet où l’Hiftoire de l’ef-
prit humain , foit plus intéreffante, quand on