
que les Loix générales de la Nature, & des
faits dont la plupart ne pouvoient être connus
de V. M. que par des rapports. Je vais parler
maintenant de phénomènes qu*Ei>LE aura eu
ocçafion d’obferver mille fois Elle - même : c’eft
Je travail des pluies & des eaux courantes que
n o u s "avons à confidérer, pour juger fi.elles
ont pu détruire un Ancien Monde, & former
de fes débris dans le fein de la Mer celui que
îious habitons. Ce que ces eaux font en grand
dans les Montagnes & fur nos côtes, elles le
font fans ceife en petit autour de nous. J’aurai
donc àpre'fent V. M. Elle-même pour témoin
des faits, fur lesquels Je me fonderai.-
Çe font des vérités trè s-utiles , que les erreurs
découvertes, quand elles ont féduit beaucoup
de gens. Les erreurs reçues, empêchent
pefprit de s’occuper de nouvelles recherches *
on croit favoir; c’ eft le plus graftd obftacle
à favoir réellement. C’ eft d’ailleurs par fon
oppofition aveç quelque vérité, qu’une pro-
pofition eft erronée: ainfi développer les erreurs
d’une certaine qlaife d’ objets, c’eft rassembler
réellement des vérités qui appartiens
petit à cette même clafle, & les dispofer par-
là à devenir productrices de nouvelles vérités,
en suidant les unes les autres. La vérité re?
cherchée par les hommes, eft comme le feu
qu’ ils produifent avec des matières combufti-
bles ; plus elle s’ étend, plus, elle a de tendance
s’étendre de nouveau.
C’eft là un des principaux avantages de la
méthode d?exclufion. Quand on a dit d’une
chofe, ce n’ eft certainement pas cela, ni cela,
ni rien en un mot de ce qui en a été dit;
non feulement on a déblayé le chemin, mais
on a arrêté les progrès des obftacles, & l’on
g’eft fait des moyens d’avancer.
C’eft ce qui m’a fait commencer cette efpèce
de Traité de Cosmologie par des examens de
fyftêmes; afin d’ écarter d’abord les idées vagues
& les faits mal vus. Ces taux furtout,
qui s’ agitent, qui heurtent, qui trânfportent,
offusquoient la vue: on étoit entraîné par l’ imagination
à y chercher une caufe continuellement
agiiTante, j! qui expliquât le paffé : on
çroyoit l’ y entrevoir, & l’on s’en tenoit là.
J1 falloit donc faire taire l'imagination, développer
les idées, les confidérer chacune à part,
fuivre les caufes dans leurs opérations, voir fi
ce qu’elles peuvent fuffit pour expliquer ce
qui eft. Par là nous ferons conduits à voir &
à taifembler ce qui eft réellement ; à écarter ce
qui nç ^explique pas; & peut-être enfin à
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