
„ détacher cette grande roche, que l^uteur
, , de la Nature avoit cachée à nos yeux peu*
„ d a n t tant de fièçles., Çe fut la feule çaufe
„ d’épouvante que le foulèvement de cet e'cueil
„ donna aux habitaqS voifins ; & jusqu’ au 4* Juin
, , il continua à croître fans aucun autre bruit:
„ il ocçupoit alors un demi mille environ en
„ longueur, Si etoit élevé de 25 pieds fur le
„n iv e a u de la'Mer. L ’eau e'toit fort trouble
*> alentour, non pas tant par le terrein pou-
„ vellement remué, comme par le mélange
„ d’une quantité prodigieufe de matières dififé-
„ rentes qui fortoient jour & nuit du fond de
„ c e s abîmes, entre lesquelles on diftinguoit
¿june grande diverfité de minéraux, par les
„ couleurs variées qui venoient jusqu’à ,1a
„ fu r fa c e de la Mer: celle du foufre cepen-
„ dant dominoît fur toutes les autres , & s’é-
„ tendoit jusqu’à vingt milles de diftançe. On
appercevoit dans l’eau autpur de l’ écueil,
/„ plus qu’ en aucun autre endroit*, une très
„ grande agitation, & une chaleur fenfîble,
. „ qui fit périr nombre de poifions, qu’on trou-
voit morts çà Sç là .1
,, Le 16 Juillet, au lever du fpleil, on vit
m diftindtemenü entre l’ Ifie nouvelle & ia petite
h Çamtni> une chaîne de roches noire? qui
„ fortoient du fopd de la Mer, au nombre do
X i7 ,diftinâ e s les unes des autres, mais quipa-
„ roifioient devoir fe réunir &c fe joindre' à
„ l’ Ifie nouvelle qui éeoit blanche. Deux jours
„ après, à 4 heures après midi, on vit pour la
„ première fois une épaiffe fumée ^fembiable à
„ c e lle d’ une grande fournaife, & en même
if tems on entendit un bruit fouterrein, qui
„ paroiflbit venir de lft terre nouvelle, mais
,, trop profond pour qu’ il pût être bien dis-
„ tingué. Plufieurs familles, faifies alors de
„ frayeur, fe fauvèrent dans les Ifies voifines,
„ L e 19 Juillet la chaîne de rochers fe réunît
,, entièrement & forma une autre Jfie, de la*
„ quelle il fortit auifi de la fumée, petite au
„ commencement, mais, qui s’accrut à mefure
„ que l’ Iile s’ àugmentoit. Le feu vint enfuite,
,, & il s’exhala avec lui une odeur fétide infup-
„ portable, qui infecta tout le payS': elle fuifo-
„ quoit les uns, caufoit des évanouifiemens.
„ aux autres, & provoquoit presqu’à tous le
„ vomiffemcnt. Au ' mois d’A o û t, une groflc
„ fumée fe joignit fur Flfie de Santorin, à cer-
„ taines nuées falines fort dènfes, & détruifit
,, en trois heures de tems tout le raifin qu’on,
,, devoit vendanger dans peu de jours.
v L ’ ifle blgnche commença do nouveau à s’ é