
feins reliés entre les mains de la Nature. Mais
ici je fuis oblige' de de'fendre cette opinion contre
un argument tiré encore des Volcans, & plus
direét. Les Laves qui reftent longtems expo-
fées à l’ a ir , fe décompofent peu à peu à leur
furface, & fe couvrent en même tems de matières
vêgêtables ; tellement qu’on peut enfin les
cultiver : mais cette opération eft fort lente. Or
dans certains endroits éboulés des flancs des
Volcans, comme au Véfuve & à l’ Etna, on voit
des couches alternatives de Laves & de matières
qui femblent avoir fervi à la végétation; &
celles-ci, qu’ on a appellées même quelquefois
terre végêtable, font fort épaiffes en quelques
endroits. En partant donc du nombre de
ces alternatives, & du tems qu’ il faut pour accumuler
tant de terre végêtable, ou même feulement
pour ménuifer la fuperficie des Laves
dans une pareille épaiiTeur, on trouve qu’il doit
y avoir prodigieufement de tems que lé feu &
l’air agiflènt alternativement fur les Cônes de
ces Volcans.
Mais on ne fait pas attention aux éruptions
de cendres volcaniques, qui ,très fouverity fuccè-
dent aux Laves', & qui les recouvrent àplufieurs
pieds d’épaiffeur : on ne fait pas attention à la
différente nature des Laves mêmes, dont quélques
unes font tellement poreufes & désunies,
des qu’elles font arrivées à l’air, & même
encore rouges, qu’elles feréduifent comme en fable
ou en terre ; ce qui, fans exiger plus d’intervalle
de tems qu’ il n’en faut pour différentes
éruptions, explique cette diverfité de matériaux.
C’ eft probablement cette dernière efpèce de
Lave, qui fort en cendres, lorsqu’elle eft encore
plus imparfaitement vitrifiée, ou que la force
qui la poulie eft fi grande, qu’elle eft divifée
en montant dans les foupiraux d e Volcans. Or ces
cendres & ces Laves terreufes, peuvent presque
immédiatement recevoir & nourrir des plantes.
Et il n’eft pas befoin de conjectures, pour
fixer l’origine de ces couches mêlées entre les
Laves ; ni de raifonnemept,pour les fortir de la
claffe des dépôts de la végétation. Il fuffit de
favoir,que l’on compte jusqu’à fix de ces alternatives
fur l’ ancienne Ville ddHerculanum, dont
l'a cataftrophe cependant eft fi peu reculée: &
qu’ en mille endroits, les Montagnes volcaniques
éteintes, ne font pas aufli prêtes à la culture
, que certaines matières du Vefuve & de
19Etna qui font forties de mémoire d’homme.
Ainfi ces couches de matières diverfes, entremêlées
dans les pentes des Volcans, ne
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