
mune, par la nature de la chofè & en fait,
avec tous ceux qui attribuent à l’Homme une
origine accidentelle : c’eft ce que nous ne devons
pas perdre de vue.
H raconte d’abord, que des Esquimaux ayant
fait une courfe vers le Fort Ponchartrain, on
prit fur eux entr’autres deux filles, que Madame
de Courtemanche> Mère du Commandant,
& de qui il dit tenir le fait, prit chez elle. L ’une
de. ces filles voyant un jour des matelots aborder
à la rade pour pêcher, demanda à fa Maî-
trefle fi nous n’avions pas, comme les Esquimaux,
une race particulière d’hommes deftinés
à ces fortes d’ouvrages. „ J e parle, dit-elle,
„ d’ une race dont les hommes & les femmes
„ n’ont qu'une jambe , même qu’une feule'main
„ faite d’une façon' extraordinaire. Ces hom-
i, mes font en grand nombre, ne rient jamais,
v & marchent en iautillant. Ils Jervent à re~
>i lever nos barques quand elles coulent bas à la
„ Mer, & à aller chercher ce qui y tombe. .. .
„ Cette fille, ajoute T e l ni a m e d , ne fe cou-
„ pa jamais, foutint conftamment à vingt re-
„ prifes, qu’il y avoit de ces hommes & de ces
„ femmes en très grand nombre ,Ns^ç qu’ ils
„ formoient une nation entière ” , '
On voit bi'en ce qui a perfuadé Mn de Mailley
dans ce récit. Des hommes qui vont chercher
ce qui tombe dans , la Me r , fe rapprochent
bien de fes hommes marins. Mais des hommes
avec une feule main & une feule jambe, choi-
fis pre'cifément pour un ouvrage de peine, &
pour nager, fentent encore mieux leur vraie
origine, c’efi: - à - dire l’ imagination de la c-on-
teufe. D’ailleurs on connoît aflèz aujourd’hui
les Esquimaux, pour qu’ on ne puiffe plus nous
en conter à leur fujet.
Les finges viennent auffi au fecours de Tel-
liamed: ce font des Hommes Sauvage pour.lui.
Il n’efi: point retenu par l’anatomie comparative;
car il lui faut des cfpèces différentes d'hommes.
Parlant entr’autres des Or ans r Outangs >
& convenant qu’ils r?articulaient les fons que
très confufément; il ajoute: „ fi l’ on en eût pris
„ mâles & femelles, &. qu’ ils enflent fait des
„pet i ts parmi nous, c ro y e z -v çu s , Moniieur,
,j, qu’il eût été impofiible de les conduire, par
„ la fuite de quelques générations, à un’ve'rita-
„ ble langage, & à une forme plus parfaite
que celle qu’ ils âvoient auparavant?”
• Mais voici un trait où il dit plus lui-même
fur fa manière, de voir les objets au travers de
fa prévention, que je faurois en dire: „ J’ ai
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